Psilocybe Larvae : derrière ce nom étrange se cache un de ces petits groupes qui, comme tant d’autres, ne réussira jamais à s’extraire de l’ornière de la seconde division. De fait, malgré plusieurs albums à leur actif pavant une carrière pourtant débutée en 1996 faisant d’eux des quasi vétérans, les Russes demeurent toujours inconnus en dehors de leur cage d’escalier, leurs origines géographiques ayant sans aucun doute freiné une lisibilité rendue plus difficile encore à cause de ce nom décidément peu engageant.
De prime abord du moins car la musique de Psilocybe Larvae est loin, très loin même, d’être inintéressante. Officiant à ses débuts dans un Doom Death à la Tiamat première période, auquel il doit d’ailleurs son patronyme (extrait de la chanson "Whatever That Hurts" sur Wildhoney) et dont il ne demeure que de lointains oripeaux, le combo braconne désormais sur des terres plus évolutives dont il arbore nombre d’éléments : nappes de claviers progressives ("River Of Remembrance"), soli à la technicité exacerbée ("Haunting"), maillage serré de compositions dynamiques émaillées de breaks et de passages plus atmosphériques.
En ouverture, "Soul Trekking" instaure une ambiance sombre, fixant le canevas des neuf pistes jalonnant The Labyrinth Of Penumbra, dont l'un des guides est incarné par le chant du dénommé Larv (?), lequel saute avec aisance du registre d'outre-tombe aux lignes claires à la Garm (Ulver). Bien que toujours inféodés à des influences dont ils peinent à se départir, Tiamat hier, Opeth aujourd'hui, comme le montre "Shining Shambahla", magnifique au demeurant, les Russes font toutefois preuve d'une éclatante maîtrise.
L'oeuvre a des allures de récit, de périple tourmenté, où se succèdent épisodes furieux parfois, ("Trial By Fire"), bouillonnant de noirceur ("Into The Labyrinth"), denses et techniques le plus souvent, pilotées par des guitares à la fois belles et puissantes, dressant des passerelles envoûtantes. Peu de choses à jeter en définitive, si ce n'est peut-être deux ou trois titres moins forts que les autres en fin de parcours ("Fortress Of Time").
Absent des bacs depuis quatre ans, soit une éternité à l'heure de la consommation express, Psilocybe Larvae mérite mieux que ce statut d'obscur groupe qu'il traine depuis trop longtemps. Son retour réussi lui ouvrira-t-il de nouvelles perspectives ? On lui souhaite en tout cas...