Etonnant parcours que celui de Janitor Muurinen. Au départ, à la fin des années 80, l'homme fait du Death Metal avec Repulse, historiquement un des premiers groupes finlandais à pratiquer ce style, puis se tourne vers le Stoner Rock avec Xysma, formation née des cendres de Repulse et Mannhai dont il est le chanteur jusqu'en 2004, remplacé par la suite par l'ex Amorphis Pasi Koskinen. A l'arrivée, il oeuvre dans ce Uhrijuhla, combinant élements folkloriques, touches progressives et effluves psyché.
Janitor Muurinen fonde ce projet en 2009 autour du guitariste Markus Myllykangas, lui aussi à des années-lumière de son terrain chasse habituel, le Post Metal avec Callisto et de la chanteuse Olga. Le nom du groupe signifie "festin sacrificiel" et provient du film culte "The Wicker Man", réalisé en 1973 par Robin Hardy. De cette muse, Uhrijuhla puise son atmosphère chamanique teintée d'étrangeté qu'alimente une partition colorée, tranquille, hors du temps, cependant que le chant en finnois termine de faire de lui une oeuvre précieuse au charme poétique.
Entre Pop seventies et Rock duveteux, l'album a quelque chose d'une déambulation irréelle, presque fantomatique qui rarement s'emballe. Derrière une trompeuse simplicité, Uhrijuhla dévoile tout doucement sa richesse. Ses titres sont de vraies petites perles d'ambiance et d'arrangements, discrets mais superbes, tour à tour envoûtant ("Pikimusta Tähtikirkas Yö"), tribal ("Tunturit"), folk à la manière de Led Zep III ("Se Minkä Maa Voi Antaa"), baignant dans des nappes psychédéliques ("Kevään Airut") ou entraînant ("Avaruunden Lapsi").
A l'aide d'une belle collection d'instruments (flûte, orgue...) et surtout cette dualité vocale entre la voix profonde de Janitor et celle lumineuse de Olga, le groupe tisse une musique de prime abord pleine de douceur mais sous laquelle couve une froideur mystique ainsi qu'une mélancolie fôrestière, celle de ces paysages boisés d'une beauté noble et séculaire. En cela, Uhrijuhla conserve de lointaines attaches avec le Metal.
Jolie découverte, l'oeuvre fait partie de ces réussites improbables dont regorge Svart records, label aussi exigeant qu'estimable.