C'est en 2011 que Micky Moody et Neil Murray ont eu l'envie de se faire plaisir en rejouant des titres de Whitesnake datant de l'époque où ils avaient fondé le groupe avec David Coverdale. Seulement quand l'amusement se fait en compagnie de pointures telles que Laurie Wisefield (Wishbone Ash, Tina Turner), Adam Wakeman (Yes, Ozzy Osbourne) et Harry James (Thunder, Magnum), il a vite fait d'attirer l'attention, d'autant que le moins célèbre de la bande, Chris Ousey, chanteur de Heartland, se révèle être la perle rare pour transmettre les émotions du Hard-Bluesy qui caractérise cette nouvelle formation. Encouragé par Martin Devill, patron de QEDG Management, le sextet a donc fini par composer un album de matériel original qui sort chez Frontiers sous le titre éponyme de "Snakecharmer".
Si tous les amoureux des premiers albums du serpent blanc peuvent se préparer à prendre leur pied à l'écoute des 11 titres qui composent cet opus, il serait cependant injuste de réduire Snakecharmer à un simple clone, aussi talentueux soit-il. En effet, le supergroupe mâtine sa musique d'ingrédients plus Rock à la Bad Compagny ("Turn On The Screw") voire d'éléments FM, rappelant le Foreigner le plus musclé ("Stand Up"), même si le groove irrésistible de "To The Rescue" ou "Smoking Gun" sexy en diable, renverront irrémédiablement aux plus belles heures de l'époque "Ready An' Willing" et autres "Come An' Get It".
Les lignes de basse de Neil Murray ondulent comme à la belle époque et l'on se régale du toucher tout en délicatesse d'un Micky Moody préférant définitivement la finesse et le feeling aux saillies démonstratives. Sa complicité avec Laurie Wisefield est d'ailleurs évidente, en particulier à l'occasion de soli en harmonies. Mais celui qui fait la différence, c'est Chris Ousey. Son grain de voix à la fois chaud et légèrement éraillé, que l'on pourrait situer entre Eric Martin (Mr. Big) et Keith Murrell (Airrace, ex Mama's Boys), lui permet de soutenir la comparaison avec Coverdale, tout en ayant une personnalité affirmée, capable de transmettre une émotion à fleur de peau sur la power-ballade "Falling Leaves" ou de l'hypnotisant "A Little Rock And Roll" à la fin crépusculaire, ou de se faire plus hâbleur sur les titres les plus machos ("Cover Me In You").
"Snakecharmer" est donc un superbe démenti à la rumeur annonçant la fin du British-Rock. Même si ses représentants ne sont plus de la première jeunesse, ils font encore preuve d'une belle inspiration et de suffisamment d'énergie pour nous entrainer à nouveau dans de superbes voyages musicaux. Une belle surprise dont on espère une suite du même tonneau au plus vite !