Si jusqu’à "Stabbing the Drama", la carrière de Soilwork avait été un long fleuve tranquille rythmé par des sorties régulières, les eaux ont été un peu plus houleuses par la suite avec notamment le faux-vrai départ de Peter Wichers. Le groupe regroupé autour de Björn "Speed" Strid, plus que jamais leader charismatique du groupe, revient cette année avec la ferme intention de prouver que ces évènements l’ont rendu plus fort que jamais, armé d’un ambitieux double album aux faux airs de concept basé sur l’infini et la mer comme en témoigne le visuel signé Mircea Gabriel Eftemie (Mnemic).
Un double concept album ? Soilwork se la jouerait-il progressif ? La question a le mérite d’être posée et la brève entame épico-symphonique de "Spectrum of Eternity" n’invalidera pas une telle assertion. Soilwork jouerait-il désormais dans la cours des groupes death progressif ? Non, Soilwork œuvre toujours dans un mélodeath mâtiné de metalcore qu’il enrichit d’atmosphères progressives aérant et enrichissant incroyablement son discours à l’instar de l’envoutant instrumental "Entering Aeons" formidable rampe de lancement pour le monumental "Long Live the Misanthrope" (même recette reprise avec le même succès avec "Loyal Shadow"/ "Rise Above the Sentiment"). Pour autant, Soilwork sait toujours être direct, en témoignent des titres comme "Vesta" ou "Let the First Wave Rise", taillés pour la scène.
Outre le double concept, "The Living Infinite" est marqué par la prestation bluffante de Björn Strid dont les progrès se constatent sur chaque album alternant hurlements, growls et chants clairs avec une aisance déconcertante. A cet égard, il suffit de jeter un coup d’oreille à la power ballade "Antidotes in Passing" pour s’en convaincre : Björn Strid confirme là qu’il est bien l’un des meilleurs chanteurs de la scène melodeath !
N'allez pas croire pour autant que "The Living Infinite" se résume à la seule prestation aussi énorme soit-elle de Björn Strid. Tous les membres se fondent dans le collectif au service de la Soilwork’s touch aussi bien Sven Karlsson et ses claviers atmosphériques que les deux ex-Scarve Sylvain Coudret et surtout Dirk Verbeuren voire Jens Bogren qui signe, une nouvelle fois, une production énorme.
Au contraire de bon nombre de groupes phagocytés par leur leader omnipotent, Soilwork nous présente un double album homogène qui ne souffre d'aucune faiblesse malgré sa durée. Si "The Living Infinite" nécessitera plusieurs écoutes pour livrer son lot de subtilités, une fois ingéré, il fera une nouvelle fois rugir de plaisir les fans du groupe ! Vous l’aurez compris, Soilwork revient à n’en pas douter avec son meilleur album depuis "Figure Number Five" !