Pour son deuxième album, Bryan Adams livre une musique totalement ancrée dans son époque, les eighties. Malgré des qualités évidentes, s'agissant d'un début de carrière et de la jeunesse de son auteur, 22 ans, cette galette a plutôt mal vieilli.
Tout commence avec 'Lonely Nights', qui sera repris par Uriah Heep. Une introduction avec une guitare cristalline puis une mélodie servie par un son de clavier très années 1980. Ce morceau, à l'instar du reste de l'album, n'est pas désagréable mais il n'en restera pas grand-chose de marquant au final. On retiendra de nombreux passages calmes, bien que seules trois véritables ballades soient au programme. Les autres titres laissent la place à des breaks plutôt posés, soutenus par la basse de Brian Stanley parfois très présente qui donne un aspect plus groovy ('One Good Reason', peut-être le meilleur morceau de l'album) et les claviers ou encore les chœurs. Rien de très original mais des morceaux relativement entraînants avec 'One Good Reason' déjà évoqué, ou 'Fits Ya Good' qui s'énerve sur la fin et qui permet à Jamie Glaser de nous gratifier d'un vrai solo. On frise parfois l'agacement avec ces sonorités auxquelles nos oreilles ne sont plus habituées et qui résonnent presque comme les claviers bontempi de notre enfance. C'est le cas en particulier sur 'Jealousy' ou du très FM 'Tonight'. Le titre éponyme est rythmé mais lasse vite à cause de son caractère très répétitif. Les incontournables ballades sont plutôt agréables avec un beau travail de piano de Bryan Adams lui-même ou de Tom Mandel sur 'Coming Home'.
L'équipe qui entoure Bryan Adams, crédité pour le chant, la guitare et le piano, est plutôt solide. On trouve Jamie Glaser à la guitare, qui s'est notamment illustré aux cotés de Chick Corea ou Jean-Luc Ponty (violoniste de jazz-rock français à la carrière internationale). A la guitare toujours, G.E. Smith a accompagné Bob Dylan sur scène. Il est surtout connu pour avoir été le directeur musical du Saturday Night Live, célèbre émission américaine de divertissement qui a révélé de nombreux comédiens et dont les sketchs ont inspiré de nombreux films tels queLes Blues Brothers ou les Wayne's World. Michael Timothy Curry, le batteur, a travaillé avec Tina Turner, Alice Cooper ou David Bowie. Le co-auteur de 6 des 10 titres de 'You Want It You Got It', James Dougles 'Jim' Vallance, a composé également pour Aerosmith, Alice Cooper, Joe Cocker, Europe, Ozzy Osbourne, Kiss ou encore Scorpions. Autant dire que le jeune Bryan Adams est entouré par des valeurs sures ou montantes de l'époque.
Le Canadien a eu une carrière riche et pleine de succès. Ce deuxième album est trop marqué par les eighties pour faire partie de ses grands disques. Toutefois, il regorge d'idées intéressantes et la voix voilée et parfois éraillée du tout jeune chanteur a pu marquer les esprits de l'époque, d'autant plus qu'il maîtrise plutôt bien sa technique et son placement.