Steve Lukather semble aller mieux depuis deux ans et nous le fait savoir en ce début d'année 2013 par le biais d'un nouvel album studio. Et dès l'intro du premier titre, le ton est donné : "It’s Me Again, My Mind Is Racing Faster Than The Speed Of Light". "Transition" se présente donc comme un bon compris entre "Ever Changing Time" et "All's Well That Ends Well". De son propre aveu, la première partie de l'album évoque la fin de sa période douloureuse pour s'ouvrir à la lumière après le titre éponyme, d'où le nom 'Transition', même si au final, tout n'est pas si simple que ça.
Une fois de plus entouré d'une bande de vieux amis dont Greg Bissonette retrouvé cet été sur la tournée de Ringo Starr mais aussi Renee Jones, Steve Weingart et Eric Valentine présents sur le All's Well That Ends Well Tour, Lenny Castro, Lee Sklar et d'autres, Lukather tient bon la barre et nous gâte avec de superbes mélodies et des touchés de guitare uniques. Et si CJ Vanston a droit à sa page perso dans le livret ce n'est pas par hasard puisque les claviers sont de retour en force dans cet album aux ambiances riches et lourdes de majesté, album dans lequel une fois de plus Lukather sait ô combien les choeurs, parfois discrets, vous transforment un pont, un refrain, l'élevant à un niveau supérieur.
Nous le disions plus haut Luke va mieux mais ses textes restent parfois sombres et tourmentés comme ceux du languissant shuffle 'Creep Motel' (Luke renoue enfin avec le Blues) peignant avec un humour glacé l'enfer d'où il revient ou 'Right The Wrong' au solo à la Gilmour, titre très lourd (Chad Smith oblige) coécrit avec son fils et dont la complexe et feutrée ligne de guitare sur le couplet tranche avec les choeurs fournis et fédérateurs du refrain. Il signe même son premier texte à consonance politique avec 'Do I Stand Alone'.
Côté musique, quelques pièces tiennent le haut du pavé comme 'Judgement Day' qui surprend au premier abord. La voix de Luke y est plus grave, ses inflexions nouvelles et même si la dynamique est différente, le groove reste intact et fait mouche au final. 'Once Again' est une autre ballade de Lukather qui bien que très familier de l’exercice parvient à nous toucher de nouveau par la pureté des mélodies et son touché divin. 'Transition' enfin, à l’intro trompeuse est un superbe hommage au Prog Rock des 70's évoquant tour à tour l'esprit de Los Lobotomys et le titre 'Better World' de Toto dans sa construction en tryptique et son incursion soudaine de guitare acoustique.
Dans une veine plus joyeuse le classique et direct 'Do I Stand Alone', marquera plus qu’un 'Last Man Standing' un peu lourd et banal (évoquant biens d’autres titres de notre californien que ce soit en solo ou avec Toto, Randy Goodrum oblige) alors que 'Rest Of The World ', pourtant très "commerciale" (on pense à Joe Walsh) tire son épingle du jeu avec son groove rond et sensuel à la Porcaro et ses choeurs chaleureux.
S'achevant tout en émotion sur l'instrumental 'Smile' de Charlie Chaplin, "Transition" saura combler les fans du maître, qu'ils soient branchés AOR comme Fusion car ces deux styles sont bels et bien présents ici et imbriqués avec beaucoup de classe. Une autre réussite à accorder à Lukather dont la carrière solo semble définitivement devenue sa priorité. Nous ne pouvions espérer mieux.