Tellus Requiem, groupe Norvégien de Métal Progressif a commis son second méfait cet hiver chez Nightmare. Deux ans après leur album éponyme, les vikings reviennent avec un album excellemment bien produit et surtout un concept assez nébuleux qui traite principalement des déchirements de l'existence. Le titre qui peut être traduit par les "Invincibles de la onzième heure" fait référence à l'égalité des êtres à l'heure du jugement dernier. Tout un programme !
Tellus Requiem se réclame d'influences évidentes (Symphony X, Megadeath) et d'autres moins (Opeth) aux nombres desquelles il semble pertinent d'ajouter Pagan's Mind, Dream Theater ou encore Suspyre. Le décor ainsi planté, la découverte de la musique ne réserve que peu de surprises quant aux genres et tempos que l'on va parcourir durant cette écoute.
Les riffs de guitares sont ainsi très acérés et syncopés du début jusqu'à la fin. On découvre au fil de l'album les ingrédients d'un Métal progressif moderne judicieusement teinté de symphonisme avec des claviers très présents, rappelant fortement les tunisiens de Myrath. La voix de Ben Rodgers est assez proche de celle de James LaBrie avec certainement moins de maîtrise mais plus de nuances dans les aigus. Toutefois, hormis les morceaux calmes, sa tessiture linéaire haut perchée installe une certaine monotonie. A cause du propos assez dense dû au concept de l'album, la mélodie des lignes vocales s'éparpille souvent dans des complications qui empêchent de retenir des mélodies directrices et l'impression d'un travail brouillon s'installe.
Techniquement, les musiciens sont au top à commencer par le guitariste Stig Nergård qui assure toutes les parties de guitares. Le travail de composition fait mouche sur la quasi totalité des titres. Si les changements d'ambiances sont légions, le tempo reste quant à lui rapide et les sonorités de guitares, entre riffs syncopés et chorus virevoltants associés à des claviers omniprésents, pourront rappeler tour à tour les pointures du genre que sont Pagan's Mind, Dream Theater, Seventh Wonder et parfois le power métal de Stratovarius de la belle époque ('Visions').
Parmis la set-list, quelques titres tirent mieux leur épingle du jeu, tels les immédiatement jouissifs "Red Horizon" ou "Eden Burns" ainsi que les power balades à tiroirs que sont "Tranquility" et "Reflections Remain". Enfin, le titre éponyme, "Invictus" est celui qui propose le plus de développements progressifs avec une basse ronflante qui suit un mini-break habile et et une intro bien travaillée.
Tellus Requiem nous propose un album de pur Metal progressif, technique et complexe. Le tout est extrêmement bien réalisé et produit mais le manque d'originalité et surtout d'émotions générées par un propos qui a tendance à trop s'éparpiller contraint Tellus Requiem à ne s'adresser qu'aux inconditionnels du genre. Un album intéressant mais exigeant...