Fondé au milieu des années 90 du côté de Salerne en Italie, Heimdall n'a jusqu'à présent guère fait parler de lui au delà d'un cercle d'initiés et d'amateurs et ce malgré 4 albums sortis entre 1998 et 2004. Il faut dire que la formation transalpine évoluait dans un style très en vogue à sa création, le power métal mélodique, avec des formations comme Rhapsody, Hammerfall, Edguy ou encore Angra qui tenaient le haut du pavé médiatique et qu'elle ne possédait pas encore les armes pour sortir du lot.
Depuis "Hard As Iron", Heilmdall n'avait plus donné de nouvelles et semblait avoir renoncé comme pas mal de ses confrères confrontés à une baisse de popularité drastique. De fait l'arrivée de ce "Aeneid" 9 ans après est assez surprenante montrant que le groupe n'est pas décidé à rendre les armes si facilement. Pour cet opus le groupe revient avec un line-up modifié, le premier avec Gandalf Ferro au chant et également un nouveau bassiste et guitariste. Musicalement les italiens n'ont pas changé leur style d'un iota et proposent toujours un métal mélodique à tendance power comme il s'en faisait par palettes dans les années 90.
Pourtant, malgré ce manque d'originalité, Heimdall s'en sort plutôt pas mal. En 12 compositions, il confirme que le genre a encore quelque chose à dire et qu'une fois encore c'est du côté de l'Italie qu'il faut aller chercher son renouveau. Emmené par un Ferro au ton proche du Tobias Sammet des débuts, Heimdall propose une musique fraiche, attachante, faisant la part belle à des mélodies accrocheuses. Le groupe sonne comme le Edguy des débuts quand il semblait prêt à conquérir la planète métallique. Et avec des chansons comme "Forced By Hate", "Save You" ou encore "Waiting For The Down" il réalise une entame parfaite. Les refrains sont efficaces et mélodiques, les guitares proposent des riffs et soli typiques du genre avec ce petit côté épique qui fait la différence. Après cette excellente introduction, on pourra reprocher au groupe le même défaut que possédait Edguy à ses débuts, à savoir l'amour pour les ballades sirupeuses et très balisées, telle "Ballad Of The Queen"qui plombe un peu le milieu de l'album.
Heureusement la seconde partie de l'album relance la machine de belle manière avec "Underworld" et "Hero", deux bonnes chansons légèrement progressives et plus posées, aux claviers omniprésents et aux passages très techniques permettant aux guitaristes de faire preuve de virtuosité. Enfin avec "Night On The World" et "All Of Us" il signe deux compositions plus speed et très réussies.
Malgré un petit côté passéiste et des influences évidentes, Heimdall signe un très bel album. Il est désormais permis de penser que grâce à ce "Aeneid" le groupe italien possède les armes pour enfin percer au grand jour. Et à présent que le power mélodique est moins encombré par des groupes passe partout, il est bien possible que cela se réalise.