Il suffit de jeter un rapide coup d'œil à son line-up pour avoir une vague idée de l'origine de Tune dont la sonorité britannique aura fait long feu. Quand on se prénomme Leszek, Janusz ou Wiktor, on a toutes les chances d'être né pas loin de Varsovie. C'est effectivement le vent de Pologne qui a poussé jusqu'à nous ce jeune groupe dont la musique s'apparente plus à celle de leurs compatriotes de Riverside que de SBB.
Globalement, Tune nous sert un rock assez classique qui se teinte parfois d'ambient d'où émerge régulièrement une guitare qu'on hésitera à qualifier de floydienne, même si l'intention semble y être. L'accordéon qui tient lieu de synthé sert surtout à poser des textures et on peut regretter que le groupe n'ait pas cherché à mieux le mettre en valeur en jouant sur les contrastes par exemple. Loin de paraître exotique, il se fond avec trop de facilité dans le paysage sonore et gomme tout ce que son apport aurait pu avoir d'étrange. Le chant, ni bon, ni mauvais, se situe dans la moyenne, sans le petit supplément d'âme pour créer le frisson ou le charisme nécessaire pour faire la différence.
Les titres ont tendance à beaucoup se ressembler, jouant souvent sur une dominante nostalgique spasmodiquement secouée de mouvements convulsifs vite maitrisés. Du coup, l'album manque de moments forts, un peu trop lissé par la similitude des chansons. Seul 'Cabin Fever' sort un peu du lot avec sa partie centrale peuplée de vociférations sur coups de batterie inspirée de "The Wall", le solo de guitare gilmourien accentuant la ressemblance avec Pink Floyd. Malheureusement, la prestation vocale de Jakub Krupski-Maria manque de puissance pour être tout à fait crédible.
Tentant également la carte de la différence, l'instrumental 'Dimensions' distille quelques arpèges de guitare acoustique accompagnés d'un accordéon mélancolique qui cèdent la place aux notes sporadiques et aléatoires d'une guitare électrique s'élevant au-dessus du picking funèbre de la basse et des sons diffus de l'accordéon. Selon l'humeur, on trouvera cela romantique en diable ou profondément ennuyeux.
Les effets trop conventionnels, les thèmes répétitifs, le manque d'imagination brident les qualités dont ce groupe ne semble pourtant pas dépourvu. A de trop rares moments, la musique s'envole avant de retomber lourdement dans des riffs un peu téléphonés ou de pseudo-effets atmosphériques, manquant de personnalité et n'arrivant pas à s'affranchir réellement des poncifs du genre. Si les mélodies agréables s'écoutent sans difficulté, elles n'insufflent aucune passion, trop prédictibles pour provoquer le moindre frisson. Un album en demi-teinte qui laisse l'auditeur un peu frustré.