Pushking, c’est avant tout un groupe de musiciens talentueux aux compos Rock très solides. Formé en Russie en 1994, le groupe tente l’exportation en 2008 en proposant son premier album chanté en anglais. Mais une fois encore, le succès reste national. Leur chanteur, Shustarev, va pourtant aller plus loin encore en jouant une sorte de va-tout : réenregistrer les plus grands titres du groupe en anglais avec l’appui de quelques grands noms du Rock international. Après deux années de démarche et d’enregistrement, "The World As We Love It" arrive dans les bacs et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Europe et les Etats-Unis ont enfin été touchés.
Et comment ne pas l’être avec dans la guest-list des noms comme Alice Cooper, John Lawton, Paul Stanley, Graham Bonnet, Glenn Hughes, Jeff Scott Soto, Eric Martin, Udo Dirkschneider, Jorn Lande, Joe Lynn Turner et Dan McCafferty ? Et attendez voir qui vient prêter main forte à notre solide et cohérent duo de guitaristes russes Nikolai et Dmitry : Nuno Bettencourt, Joe Bonamassa, Matt Filippini et un quatuor de Steve : Stevens, Vai, Salas et Lukather. Et là les habitués de crier d’une seule et forte voix : "C’est bien les jolis noms mais faut que la musique suive derrière ! ". Rassurez-vous, même si l’album est plein à en avoir les dents du fonds qui baignent (19 titres c’est tout de même risqué) on ne s’ennuie pas vraiment car la musique de Pushking sent bon la sincérité, le plaisir et l’énergie pure du Rock. Un Rock parfois Metal, parfois AOR (la superbe ‘It’ll Be Ok’ en écoute ci-dessous, arrangée aux petits oignons), entrecoupé de jolies ballades.
Parmi les bonnes surprises, il y a ‘Cut The Wire’ très 80’s sur lequel intervient un Paul Stanley méconnaissable, un ‘Nightrider’ up-tempo qui prend des allures de Lynyrd Skynyrd sous le chant de Billy Gibbons, ou encore ‘Stranger’s Song’ porté magistralement par Lawton et Steve Stevens. Ensuite, il y a les gants, les sur mesures qui ne pourront que plaire aux fans des dits chanteurs, comme le ‘Troubled Love’ d'Alice Cooper, le ‘Nature’s Child‘ d’Udo et les titres respectifs de Turner et Jorn. L’un est un AOR très respectable, l’autre un Metal lourd et épique. Et bien entendu, il y a le ‘Kukaracha’ final sur lequel tous les chanteurs se retrouve autour de la guitare de Lukather.
Par contre, le milieu de l’album fait un peu office de ventre mou avec un enchainement de ballades pas toujours inspirées, comme celles menées par Soto ou par Eric Martin. Pourtant, le cœur y est, mais il manque quelque chose. Ce quelque chose qu’apporte la voix superbe de Dan Mc Cafferty sur ‘Simple Song’ par exemple. Toujours en milieu d’album, nous retrouvons un Hughes trop présent (trois titres), et même s’il s’auto caricature avec brio sur ‘Why Don’t You’ (on pense aux chants noirs américains) et si ‘Tonight’ est très touchant (Bonamassa oblige), l’énergie retombe aux fil de ces quelques titres.
Si le groupe russe tient la barre, c'est surtout son chanteur que l'on retient. A l’écoute de la voix de Shustarev, on en vient à regretter de ne pas l’entendre plus souvent, bien qu’il soit présent dans la grande majorité des titres, dans les chœurs, quelques couplets façon duo, ou dans les refrains. Celui de ‘My Reflections After Seeing The "Schindler's List" Movie’, chanté en hébreu, est tout particulièrement émouvant, transcendé qu’il est par la guitare de Vai. Maintenant, il y a un revers à chaque médaille et bien que les titres soient solides et que l’on prenne un véritable pied à les écouter, la présence de telles pointures pourrait masquer l’esprit du groupe sur lequel quelques interrogations subsistent quant à sa capacité à nous accrocher avec un véritable album. Toutefois, jamais les musiciens ne se laissent écraser par une voix ou une guitare, ce qui est tout de même un gage de professionnalisme évident à la vue des noms cités. Souhaitons leur enfin une réussite international et en attendant, tentez cette nouvelle aventure Pushking: ils le valent plus que bien !