Il aura fallu 5 années de patience pour enfin retrouver Misanthrope et son très attendu 9ème album studio. Avec "Irremediable" le groupe avait frappé un grand coup dans le monde du métal extrême tant son concept album sur Baudelaire était une réussite. Avec un line-up fort et soudé le groupe a pris le temps pour peaufiner sa nouvelle offrande et réunir les conditions parfaites pour produire ce nouveau disque.
Avec "Aenigma Mystica" Misanthrope a choisi de revenir à des choses plus directes après un concept album pas forcément facile d'accès. Il s'amuse à explorer pas mal de facettes du métal extrême, entre black symphonique, heavy speed métal et death métal. S.A.S. de l'Argilière y continue l'histoire d'Alceste dans le temps au travers de textes complexes, parfaitement écrits, et qui doivent être obligatoirement lus et relus pour bien les appréhender. Les thèmes dégagés tournent autour de la religion et son rapport à l'humain avec cette touche aristocratique qui fait le charme du groupe.
S.A.S. raconte ainsi ses histoires avec cette emphase qui lui a permis d'être adoré de ses adeptes mais détesté de ceux qui n'ont jamais su rentrer dans l'univers baroque, luxurieux et monarchique de Misanthrope. Malgré tout, notre homme se fait plus sobre et moins extravagant sur ce "Aenigma Mystica", laissant de côté les aspects déclamatoires pour un chant plus accessible. L'album possède ainsi de pures pépites, de ces titres intemporels qui ont fait la force et le charme du groupe et qui nous entrainent dans un univers à part où finesse, sens de l'honneur et respect des valeurs sont des principes et pas simplement des mots.
Se dégage d'abord "La Bonté Du Roi Pour Son Peuple", hymne dédié à Saint-Louis au refrain imparable et proche du heavy métal classique. "L'Art Chorégraphique De La Transe" nous adresse ensuite une belle leçon de métal extrême avec une haute technicité. Avec "Forces Conspiratrices" le groupe touche au black symphonique avec une aisance et une classe qui renvoient à leurs chères études les tenants du genre tant Moreac et Scemama aux guitares et claviers transcendent un genre que l'on pensait pourtant largement balisé. Sur "L’Arborescence Du Lys", Misanthrope ajoute à son death métal une touche jazzy et groovy surprenante mais qui donne à ce titre une certaine noblesse. Enfin le titre éponyme achève l'album sur 7 minutes de virtuosité, virevoltant entre death technique, thrash et heavy gothique et théâtral.
Moins immédiat que ses prédécesseurs, "Aenigma Mystica" se révèle pourtant indispensable à la cohérence et l'équilibre de l'ensemble. Misanthrope touche littéralement au sublime et nous présente son opus le plus varié signant l'aboutissement artistique d'un parcours sans fautes et pourtant jamais reconnu à sa juste valeur. Présenté dans un écrin splendide - la touche Holy Records - ce disque est la révélation heavy extrême de ce début d'année, tout simplement.