A peine plus de deux ans après le très remarqué "The Face Of The Unknown", Richard Hinks revient avec un troisième album dont les prétentions en 2013 sont visiblement plus ambitieuses. Pour preuve, la récente signature chez Nigthmare Records, machine à succès en matière de métal progressif.
Avec ce 'Enigma', Aeon Zen délivre un métal progressif solidement ancré sur les bases classiques du genre et apporte sa propre lecture du métal : technique, complexe, moderne. Les influences sont assimilées, digérées et transcendées. Ainsi, si l'on pense à Threshold, Shadow Gallery ou Symphony X en écoutant cet album, on est rapidement transporté dans l'univers de Rich Hinks grâce à sa touche créative unique. Les variations d'ambiances, de tempos, de rythmes et les enchaînements entre ces différentes parties paraissent d'une fluidité toute naturelle.
Le point fort de l'album est sans conteste le talent immense de son leader multi-instrumentiste. Sa virtuosité à la guitare comme à la basse illumine chaque morceau, chaque riff, chaque solo. Sa capacité à créer des lignes de basse groovy, des riffs puissants (celui de "Warning" est à vous coller au mur), comme des mélodies d'une harmonie jouissive, inonde l'album tout entier. Quand, en plus, le bonhomme a la bonne idée de s'entourer de chanteurs aussi divers que complémentaires, le résultat ne peut qu'être excellent.
Car les parties vocales sont certainement le point fort de l'album. Non content d'avoir trouvé un chanteur talentueux en la personne d'Andi Kravljaca, Hinks a eu la bonne idée d'inviter trois autres excellents vocalistes de la scène métal-prog, Nate Loosemore (Lost in Thought), Jonny Tatum (Eumeria) touchant sur "Seven Hills" ou "Eternal Snow" et Atle Petersen (Above Symmetry - ex-Aspera). Ce dernier nous gratifie de plusieurs interventions criantes de pertinence, sa voix chaude et éraillée faisant merveille dans différents registres. Enfin, quelques growls émaillent certains titres, judicieusement placés avec parcimonie, et assurés par Richard Hinks.
Ce mélange d'influences et de personnalités est le point fort de cet album. Et si l'on y ajoute la cohérence dans l'écriture et la composition, ainsi qu'une production irréprochable (dirigée par Hinks lui-même) on obtient un album prêt à s'imposer comme une des productions majeures de ce début d'année dans un registre où la concurrence peine à se hisser à un tel niveau technique et créatif.
Aeon Zen entend donc s'affirmer comme une valeur sûre du métal britannique à l'instar d'un Threshold. Si cet 'Enigma' contentera les fans purs et durs de métal progressif, il s'adresse à un public métal bien plus large, grâce à une variété et à une cohérence rares.