Il y a dix ans ans, on aurait appelé ça du "True Metal", aujourd'hui on parle de Heavy traditionnel. A noms différents, contenu par contre quasi identique, biberonné au Maiden des années 80 et autre Judas Priest.
Fondé par trois transfuges de White Wizzard, Holy Grail signe avec Ride The Void son deuxième opus. Chanceux, les Américains ont tapé dans les oreilles du géant Nuclear Blast, ce qui devrait permettre à cette rondelle de rencontrer plus de succès que Crisis In Utopia, sa devancière. Reconnaissons que leurs auteurs, en dépit de leur jeune âge, font preuve d'un savoir-faire insolent, enquillant les hymnes à scander lors des festivals d'été comme d'autres les perles.
Entre deux pistes instrumentales dont la première, "Archeus", toute en progression et aux allures de porte d'entrée, se révèle même particulièrement inspirée, l'album galope pendant plus de cinquante minutes sans jamais voir réellement voir sa turgescence ramollir, même si sa seconde partie parait un peu en retrait après un démarrage sur les chapeaux de roue qu'animent les irrésistibles "Bestia Triumphans", "Dark Passanger" ou le titre éponyme, délicatement introduit par de sombres arpèges puis emporté par des lignes vocales puissantes.
Contrairement à d'autres formations californiennes telles que Slough Feg ou Crescent Shield, plus old school dans l'esprit, Holy Grail arbore un contenant plus moderne, dôté d'une prise de son survitamminée et (trop) propre sur elle. Pour le reste, le pur Heavy Metal des familles est honoré, entre les cavalcades de six-cordes et le chant, celui de James-Paul Luna, bien haut perché, avec toutefois une tessiture plus lisse qu'à l'accoutumée ou au contraire parfois à la limite du growl caverneux ("The Great Artifice"). D'ailleurs, Ride The Void n'hésite pas à braconner, certes timidement, sur les terres du Thrash et du Speed Metal ("Silence The Scream").
Voilà en définitive une solide galette qui, sans révolutionner le genre, s'enfile comme une bonne mousse et sans faux col, s'il vous plait. On lui préfèrera néanmoins des groupes plus authentiques, moins calibrés, à l'image du déjà cité Slough Feg...