Bien que Silent Force, groupe qu'il a monté il y a treize ans avec l'ex Royal Hunt D.C. Cooper, soit toujours officiellement actif et ce malgré un dernier album remontant déjà à 2007 et le récent départ de son chanteur, on sent bien que c'est vers Voodoo Circle que l'intéret de Alex Beyrodt se porte désormais.
Sans doute parce que pour la première fois de sa carrière, il en est le principal capitaine, loin de son rôle de mercenaire chez Sinner ou Primal Fear. Sans doute aussi car le projet lui permet de cultiver un Hard Rock selon son coeur, celui qui se nourrit de la Deep Purple family sans pour autant nouer quelque lien que ce soit avec la scène Stoner 70's car il conserve un indéniable ancrage métallique. Reste que, tout d'abord assimilé à un peu vite comme un élève de l'école Malmsteen, le guitariste puise avant tout son inspiration et son jeu directement à la source, chez Ritchie Blackmore avec lequel il partage ce même feeling oublié depuis (trop) longemps par le Bibendum Suédois.
Troisième opus sous la bannière Voodoo Circle, More Than One Way Home creuse un sillon identique à Broken Heart Syndrome autant en terme d'écriture que de réussite. A peine noterons-nous une influence plus eighties que seventies, louchant de fait davantage vers le Whitesnake post 1987 à l'image de "Heart Of Babylon" que vers le Purple de Burn et de Come Taste The Band. Ce n'est pas grave. Le point commun à tous ces albums s'avère bien entendu être David Coverdale. Or, Beyrodt a trouvé en la personne de David Readman le chanteur idéal capable de se glisser dans la peau de l'homme au serpent blanc et ce avec une modestie qu'un Jorn Lande plus exposé que lui serait bien inspiré d'imiter. Répétons-le, l'actuel vocaliste de Pink Cream 69 est très certainement la grande découverte de ce groupe malheureusement encore trop peu connu.
S'il est peu probable que More Than One Way Home parvienne à changer la donne, cela n'est pas une raison pour bouder notre plaisir face à cette poignée d'hymnes réunissant le meilleur du Whitesnake façon Hard US. Faisant le pont entre Blackmore pour ces démarrages nerveux ("Bane Of My Existence", "The Killer In You") et les éruptions malmsteeniennes ("Tears In The Rain"), Alex fait encore une fois preuve d'un talent qui n'a pas rougir de la comparaison avec ses maîtres spirituels. Il réussit même là où Yngwie échoue, en composant des ballades puissantes et jamais sirupeuses ("Alissa", Cry For Love") et des mid-tempo qui savent être lourds sans être plombés, comme l'illustrent "The Saint And The Sinner" ou le titre éponyme digne du meilleur Coverdale lorsqu'il se frottait à ce registre à l'époque de Slip Of The Tongue et de l'album concocté avec Jimmy Page.
Voodoo Circle réalise encore un sans faute avec ce disque inspiré et racé dans la continuité de ses deux aînés et dont le seul défaut réside peut-être dans sa pochette un peu ringuarde.