De tous les groupes se réclamant du Rock psyché et des si fantasmées années 70, apparus récemment, Fuzz Manta se révèle être un des plus intéressants. A cela plusieurs raisons.
La première, qui saute autant aux yeux qu'aux oreilles, est incarnée par Lene Kjaer Hvillum, sa chanteuse. Si elle n'est pas, physiquement, la plus excitante des frontwomen car loin de l'affriolante poupée, elle possède par contre ce que beaucoup n'ont pas ou aimeraient bien avoir : une voix. Une vraie, à laquelle on accrochera... ou non, laquelle est un peu à l'image de la Danoise et donc assez particulière, évoquant davantage le spectre de Janis Joplin ou de Candy Givens (Zephyr) que les sirènes d'aujourd'hui. Elle confère une couleur délicieusement bluesy à la musique de ses employeurs.
On touche d'ailleurs là à la seconde raison de la haute valeur ajoutée de Fuzz Manta finalement plus (Hard) Rock que psyché. Ce n'est pas pour rien s'il cite comme influences aussi bien Deep Purple ("Man With No Face", "Corrosion" où le jeu de Frederik Jensen n'est pas sans évoqué celui de l'Homme en noir), Led Zeppelin ("Quiet Monday" et son final digne des meilleurs moments de Led Zep III), que Rory Gallagher ou Jefferson Airplane. Soit autant de références que les Danois ne se contentent pas de singer, de recopier comme malheureusement trop se réduisent à le faire. Avec talent, ils capturent l'essence du grand Rock des seventies d'une manière plus nostalgique qu'anachronique.
La dernière raison réside tout simplement dans l'insolente classe de ce groupe né en 2006 et précédemment auteur, trois ans plus tard, d'un premier jet déjà remarqué, Smokerings. Opus II est ce qui se fait de mieux dans le genre: point barre ! Sa tracklist, divisée en deux, même sur la version cd, témoigne qu'il a évidemment été conçu pour être écouté en vinyle.
On ne sait où donner des cages à miel tant l'album regorge de morceaux de bravoure, de moments absolument magiques, quand bien même notre préférence se dirige, comme de bien entendu, vers les deux titres les plus longs du lot, peut-être les plus bluesy aussi. Il s'agit tout d'abord de "Lithia's Box", entaillé de riffs acérés et illuminé par un solo de grande classe, parfaitement mis en valeur par une rythmique qui a l'efficace discrétion des sections d'autrefois. C'est plus encore le terminal "Let Me Walk" dont les 11 minutes de bonheur sont pour une bonne part instrumentales, lent râle bourré de feeling qui clôt l'écoute en beauté.
Vous l'aurez compris, Fuzz Manta est un nom à retenir, comme le confirmera très vite Vortex Memplex, (déjà) troisième opus plus travaillé encore.