"Golden Heart" est le premier véritable album solo de Mark Knopfler, en dehors de ses participations à des bandes originales de film, et vient donc se placer en successeur direct du dernier album de Dire Straits, "On Every Street" datant de 1991. Si ce détail est à souligner, c’est qu’à l’époque, l’immense majorité des fans de ce géant des années 80 attendent notre chanteur au tournant.
Si certains titres évoquent immanquablement le groupe dissout, comme 'Cannibals' ('Walk Of Life' ça vous dit quelque chose?) ou 'Imelda', d’autres évoquent son album duo avec Chet Atkins ('Are We In Trouble Now' tout en Pedal Steel et piano) voire son penchant récemment assumé pour la Country (certains titres font échos à l’album des Notting Hillbillies, comme le joyeux 'Done With Bonaparte' pourtant orné d'accordéon), et la musique de ses racines irlandaises (l'authentique 'A Night In Summer Long Ago').
Ainsi, ce premier effort n’est pas synonyme d’émancipation ni de challenge personnel (pas même d’un point de vue guitaristique) mais ferait plutôt office de tour d’horizon des différents espaces musicaux chers au cœur de l’artiste. Cela n'empêche pas certains titres de briller, comme 'No Can Do' et ses ambiances à la Clapton, 'Imelda' au riff électrique aiguisé et entêtant, mais aussi le poignant 'Rüdiger' (un des meilleurs moment de cet album), un 'Don’t You Get It' entrainant, ou le Folk suranné de 'Je Suis Désolé' au jeu de guitare et au texte charmants.
Avec le recul, nous savons maintenant vers quelle voie tendait Knopfler à l'époque, mais dans ce "Golden Heart", si l’esprit est présent, l’âme n’a pas encore l’authenticité des futures productions, tant dans le mélange des instruments (le clavier sur 'Are We In Trouble Now' ne semble pas des plus pertinent) que dans l’orientation mitigée de certains titres. 'Darling Pretty', au capital sympathie certain, semble ainsi nager entre deux eaux alors que l'éponyme, dont l'introduction presque parlée touche au cœur, se perd en route en rejoignant des chemins trop empruntés comme ceux d'un 'Vic And Ray' sauvé par son solo de guitare uniquement. Un album sympathique au demeurant, mais loin d'être indispensable.