Une « MegaChurch », c'est une église protestante qui rassemble au moins 2000 fidèles par week-end. Avouez que c'est pas mal. Originaires de l'Ohio, les trois gars de Megachurch se servent de ce phénomène pour créer une musique très originale, l'artwork haut en couleur et difficilement compréhensible reflétant bien l'état d'esprit du groupe. C'est du délire, de la violence, de l'épique, de l'absolu, tous ces qualificatifs apparaissant à travers un stoner influencé par Queens of The Stone Age et Baroness.
Avec Megachurch, vous n'écouterez pas une musique subtile puisque cet album est un déluge de riffs et de gros son, de très gros son. Et pour cause, dans ce groupe, il n'y a pas un mais deux bassistes, qui se complètent l'un l'autre en faisant s'enchevêtrer leurs lignes dégoulinantes de fuzz. De plus, la quasi-totalité des morceaux n'a pas de chant, mais se voit agrémenté par des sortes de discours mi chantés-mi déclamés par une voix de pasteur furieux, rappelant l'aliénation que peut entraîner la religion, et plus particulièrement ici, le protestantisme conservateur américain, avec des titres critiques comme 'Exorcism', 'The Gay Agenda' ou encore 'Battle Hymn of The Republican'. Difficile de dire s'il s'agit de simples délires dans le but de se créer une identité en lien avec leur patronyme ou si Megachurch distille réellement une musique engagée et satyrique, ce qui est exceptionnel dans le sens où le stoner, au même titre que le post-rock, est rarement chanté et encore moins engagé..
Le fait est que ces éléments contribuent à former un univers très personnel, délirant et complètement fou. Certains sermons déclarés sur des riffs sont énormes donnant parfois des frissons lorsqu'ils révélent l'intolérance de certaines franges protestantes. Les gammes utilisées sont parfois empruntées au heavy metal ('Battle Hymn Of The Republican'), donnant un caractère tantôt épique tantôt dramatique à certains passages, leur octroyant une certaine intensité. Mais ce qui est intéressant avec Megachurch, c'est que contrairement à la plupart des groupes de stoner, ils ne se contentent pas de leurs (excellent) riffs mais usent d'éléments étrangers au genre, arrangements de synthés, decrescendos rythmiques ('Receive It') sans pour autant renier le feeling originel et l'aspect jam de leur musique, donnant naissance à un disque franchement mature et très bien arrangé.
« Megachurch2 : Judgement Day » est un album d'une grande qualité dont le seul défaut réside en une cohérence quasi-inexistante, les morceaux s'enchaînant sans réelle continuité et de façon destructurée. Megachurch, après un premier album en 2011 et un ep en 2012 (ce dernier est d'ailleurs réalisé exclusivement avec les sons d'une NES, console de jeu des années 80), impose définitivement un style qui fera date tant il est original et efficace.