En 1970, Egg sort son premier album basé essentiellement sur les claviers. Oscillant entre ELP et le Canterbury, on y retrouve également les influences de la musique classique au travers de reprises de J.S. Bach et E. Grieg.
Après 35 ans, le genre a évidemment pris quelques rides mais le plaisir de se replonger dans l'époque reculée des dinosaures du progressif, reste un vrai bonheur. Les musiciens très à l'aise dans ce registre arrivent même à transmettre une certaine chaleur due à la finesse du batteur et au feeling du clavier. Force est de constater que l'équilibre qui régnait au sein de cette formation faisait d'elle un sérieux concurrent à Emerson, Lake & Palmer.
Les ambiances hétéroclites qui parsèment l'oeuvre n'enlèvent rien à l'homogénéité de l'ensemble. On passe de titres très classiques ("I Will Be Absorbed", "You Are All Princes"), très proches du rock psyché/Progressif de la fin des 60's à des titres influencés par les Doors ("Seven Is A Jolly Good Time") ou aux beaucoup plus complexes ("Second, Third et Fourth Mouvement") parfois proche des Pink Floyd, d'ELP ou de Tangerine Dream, voir carrément expérimentaux pour "Bane".
L'album très complet retranscrit bien l'ambiance particulière de l'époque ou le Rock reconnaissait ses origines dans la Musique Classique en se détachant un peu du Blues.
Egg est donc à conseiller à tous les amoureux du clavier de cette période étrange où la jeunesse s'ouvrait vers de nouvelles sensations, où la musique servait d'expérimentation. Aujourd'hui, cette liberté créatrice a presque disparu mais il est toujours bon de pouvoir revivre ces moments ou l'ambition humaine dépasse ses propres capacités. Et personnellement je trouve toujours plus facile d'être nostalgique d'une époque quand on ne l'a pas vécu.