L'onde de choc déclenchée par sa seconde offrande vieillie d'à peine quelques mois encore vive dans notre mémoire, c'est avec plaisir que nous accueillons Vortex Memplex qui devrait définitivement asseoir Fuzz Manta parmi les machines à remonter le temps les plus excitantes en activité. Elevés aussi bien aux grains de Deep Purple que de Janis Joplin, les Danois sont donc les artisans d'un Hard Rock plus vintage que psyché, aussi généreux que décomplexé.
Alors que le groupe, du fait de la présence dans ses rangs d'une chanteuse, pourrait surfer sur la mode du Rock/Doom dans un bustier, il parait au contraire ne pas vouloir en jouer plus que cela. Peut-être parce Lene Kjaer Hvillium n'est pas le seul arc-boutant soutenant ce solide édifice qui doit autant à cette voix éraillée sentant la clope qu'au jeu de guitare orgasmique de Fredrik Jensen, lequel se taille la part du lion tout du long du successeur d'Opus II, de "Vertigo" au monumental "Torke" dont nous reparlerons un peu plus tard.
L'album se scinde assez naturellement en deux parties d'une demi heure environ chacune. La première agglomère quatre brûlots suant le feeling par toutes les notes. Si le chant de la jeune femme peut lasser à cause de son timbre singulier plus bluesy que Doom, les envolées instrumentales révèlent le potentiel de musiciens qui nous éclaboussent les cages à miel, à l'image de "And So She Speaks" et sa lente mais jouissive entame ou le fuzzy "Between The Lines" à la rythmique chargée en groove et que zèbre un soli flamboyant digne d'un Ritchie Blackmore.
Du haut de ses 30 minutes, "Torke", qui remplit à lui seul la seconde partie de Vortex Memplex, attise forcément les curiosités. A la manière des pièces progressives de la grande époque, il se divise lui-même en deux parties puisque qu'il inclut un second titre qui ne débute qu'après un tier d'écoute, séparé du morceau principal par deux minutes de silence environ. Vierge de lignes de chant, "Marmelade" épouse la forme d'une longue dérive noyée sous les effluves psyché. Le guitariste y livre un vrai festival de sons tour à tour stratosphériques, saturés ou fleurtant avec le blues. S'appuyant sur le jeu de ses comparses, dont Lene qui assure des parties de six-cordes additionnelle, Jensen se glisse dans la peau de ces guitar-heroes des années 70 que n'effrayaient pas les interminables développements scéniques aux allures d'happenings sonores.
Disons-le clairement, ces 20 minutes qui vous donne la gaule des grands jours et justifient à elles seules l'achat de cet opus qui confirme un potentiel chez ses auteurs que l'on devine encore à peine défloré.