Bien que l'acte de naissance officiel de Spiritual Beggars soit son premier album éponyme, gravé en 1994, Mike Amott, son fondateur, n'a jamais caché considérer les vrais débuts du groupe deux ans plus tard avec la sortie de Another Way To Shine. Plusieurs raisons à cela: d'une part, avec sa petite trentaine de minutes au garrot, le galop d'essai peut difficilement passé pour autre chose qu'un long EP. D'autre part, celui-ci est encore l'œuvre de musiciens qui se cherchent, se connaissent peu, réunis depuis 1992 autour du guitariste alors davantage connu comme garçon boucher chez Carnage et Carcass que comme fils spirituel de Ritchie Blackmore ! La formule du power-trio est pourtant déjà fixée, cette envie de rendre hommage au Hard-Rock des années 70, aussi. Mais il faut donc attendre ce second pétard pour que les Suédois trouvent leurs marques.
Rien d'étonnant alors que le bonhomme éprouve une tendresse particulière pour celui-ci, très vite inscrit au patrimoine mondial du Stoner, à cette époque, encore naissant. Tout y est plus en place que sur le disque précédent, de la prise de son confiée à Berno Paulsen, chaude et toute en rondeur, aux compositions cette fois-ci toutes plus imparables les unes que les autres, en passant par le groupe lui-même au diapason, entre le grizzly Spice (chant et basse) et sa voix rugueuse sentant bon la beuh, le batteur Ludwig Witt, qui connait son Ian Paice sur le bout des baguettes, et bien entendu Mike Amott dont le jeu sue le feeling par tous les pores. Les puristes affirment qu'il s'agit du meilleur line-up. A tort ou à raison, notre préférence se dirigeant davantage vers la formation emmenée par JB le temps des gigantesques On Fire et Demons.
Reste que l'opus fixe la signature des Suédois sous cette mouture en même temps qu'une architecture reprise par la suite par Mantra III et Ad Astra, à savoir cette combinaison entre brûlots velus et titres plus psychés, plus longs également. Au registre des premiers, citons le classique "Blind Mountain" ou le puissant "Another Way To Shine" et sa rythmique du feu de dieu. Pour les seconds, le lent "Nowhere To Go", nimbé d'effets, "Misty Valley" et sa guitare fuzzy, sans oublier "Past The Sound Of Whispers" à la lourde carapace.
Pour être franc, nous n'attendions pas une telle réussite de la part du guitariste, à priori ici loin de son univers mais en lequel on découvre un véritable guitar-hero. Et si, en parallèle, il monte aussi Arch Enemy (Black Earth sort ainsi cette même année 1996), c'est bien Spiritual Beggars qui est alors son principal port d'attache ainsi que le révélateur de son talent, grâce à cet album qui jette les bases et prépare le terrain à ses successeurs plus inspirés encore.