Certains musiciens bourrés de talent restent d'une discrétion à toute épreuve, bien qu'illuminant régulièrement les œuvres auxquelles ils participent. Pat O'May est incontestablement de ceux-là : récemment impliqué dans les fresques Excalibur et Anne de Bretagne de son ami Alan Simon, le guitariste franco-irlandais a nourri sa carrière de multiples collaborations à divers projets, passant d'Alan Stivell aux musiques de série documentaire pour Thalassa, au risque de parfois laisser dans l'ombre sa carrière solo. Aussi, c'est avec d'autant plus de plaisir que notre musicien a saisi l'opportunité offerte par Keltia Musique de rendre un hommage appuyé à la musique de ses racines.
Hommage, c'est effectivement ainsi qu'il convient de considérer ce septième album solo, constitué à la fois de traditionnels celtiques réarrangés pour l'occasion, de reprises issues du répertoire de quelques maîtres guitaristes, et de morceaux originaux écrits "dans l'esprit de".
A tout seigneur tout honneur : les hostilités débutent avec un medley musclé de quelques hits d'Alan Stivell (Alan the Brave), celui-ci venant ensuite prêter sa voix quelque peu décalée par rapport aux guitares en fusion du maestro sur le superbe It Doesn't Matter. Dans un style inimitable, diffusant une coloration celtique dès l'émission de ses premières notes de guitare, Pat O'May régale la galerie de mélodies magiques et de quelques passages de shred qui, loin de confiner à la caricature de certains de ses alter ego, viennent au contraire enluminer les morceaux de fabuleux soli.
Continuant dans la veine celtique, une adaptation étonnante du Eliz Iza des sœurs Goadec, parfait contrepoint de la version habitée réalisée en son temps par Denez Prigent, permet de continuer le voyage en terre bretonne au sein d'un environnement certes connu et bien balisé, mais doté d'une nouvelle fraîcheur par une tonalité hard-rock plutôt inédite, marque de fabrique collant à l'ensemble des titres de Celtic Wings.
Fruit de ses récentes participations aux projets d'Alan Simon, Pat O'May invite quelques artistes rencontrés pour l'occasion à venir l'épauler sur ce nouvel effort. Celui lui permet notamment de se fendre d'une magnifique ballade en duo avec Moya Brennan. Mélodie imparable, contraste parfait entre la voix féminine et les guitares mélodiques à souhait. Que du bonheur !
Enfin, comment passer à côté de l'hommage rendu à quelques docteurs es guitares, par le biais de reprises issues du répertoire de Gary Moore ou de Deep Purple ? Si Soldier of Fortune n'est pas le titre le plus connu de la bande à Blackmore, le solo de guitare délivré ici restera sans aucun doute dans les mémoires de ceux qui y poseront une oreille attentive.
Avec ce nouvel album, Pat O'May nous distille douze compositions dynamiques emplies de bonheur, idéales pour chasser les idées noires. Au-delà des hommages rendus, le guitariste nous dévoile tout son talent. Il ne reste qu'à espérer que celui-ci soit (enfin) reconnu à sa juste valeur par le grand public. C'est tout le mal qu'on lui souhaite !