En 1978, alors que les protagonistes de la NWOBHM fourbissaient leurs armes, sortit dans les bacs l’album éponyme de Player, nouveau groupe de Rock issu de la patrie de l’oncle Tom. Cet opus, disque de platine tout de même, contenait en son sein un titre qui fit voler les Charts en éclats. "Baby Come Back" était son nom et il demeure encore aujourd’hui dans bon nombre de mémoires. Ce titre n'avait rien de révolutionnaire si on s'y penche un brin, mais les arcanes du succès ne sont ils pas bien souvent redoutablement impénétrables ? Fort de cette réussite, le groupe surfa sur cette aura inattendue et proposa à ses fidèles, jusqu’en 1997, une demi-douzaine d’albums qui, las, ne provoquèrent pas les mêmes émois.
Le split du combo emmena alors deux de ses principaux géniteurs vers des horizons divers, la composition de musique de films pour l’un, Beckett (le chanteur guitariste) et la série « Gloire et Beauté » (on croit rêver !) pour l’autre, Moss (le bassiste). En 2010, les deux compères décidèrent de faire renaître le groupe de ses cendres et, de composition de nouveau matériel en tournées, ils accouchent en cette année 2013 d’un nouvel essai musical.
Too Many Reasons n’est pas véritablement un album « de son temps » car les morceaux qui le composent sont pour la plupart surannées. Malgré cela on peut se laisser emporter par des mélodies taillées pour titiller la sensibilité de l’auditeur appréciant, au sens large, l’AOR, mais à tendance fortement mesurée. Le ton général est très soft, propice au cocooning et aux longues réflexions en solitaire au coin du feu. Les titres qui nous sont proposés dispersent paisiblement, et avec une certaine insistance, leurs volutes câlines et romantiques. On pense parfois à Mark Spiro, à Christopher Cross, à Chris Rea, à Nelson, voire à ELO.
Le convoi avance donc en mode tranquille hormis quelques emballements mesurés comme sur "Man On Fire" ou "Obsession", les premiers titres de l’œuvre (il faut bien attirer le Rocker) et à "Life In Color" qui offrent trois belles réussites mélodiques rythmées.
En conclusion, nous nous permettrons d’avancer sereinement que cet opus reposera vos oreilles meurtries et saura vraisemblablement caresser l’épiderme de votre dulcinée dont il est bien capable de titiller la gracile pilosité.