De par sa biographie et son œuvre, Cylew est l’illustration d’un certain contraste. Une double culture tout d’abord, portée par sa bi-nationalité française et américaine, et une écriture musicale originale peaufinée et nuancée depuis près de vingt ans. Ce contraste est illustré à merveille par les pochettes des deux albums de Cylew, Not So Sleeping, Not So Beauty en 2008 et ce Black Lace Prophecy qui fait l’actualité aujourd’hui. Entourée de musiciens aguerris dont son complice de longue date Arnaud Bascuñana, qui a produit, enregistré et réalisé le disque, Cylew offre un disque de rock reflet de la diversité qui la constitue.
Black Lace Prophecy n’est ni tout à fait de la pop française ni du rock américain. Une ressemblance avec le son récent de Guano Apes apparait dans les passages les plus rock ("Erase The Scars" ou "Dizzy") et l’expressivité de Cylew au chant n’est pas étrangère à cette parenté. La signature de Cylew est difficilement classable ou comparable à quelque chose de connu. L’artiste pioche franchement dans l’electro pour donner un côté plus moderne mais en même temps plus froid à sa musique ("The Good, The Bad, The Evil", "Need Your Touch") et une variante bien à elle du romantisme gothique surgit ça et là (la mélancolique "Fall To Pieces").
Cylew est une auteur/compositrice inspirée qui tient de son américanisme le sens de la mélodie et de la concision et de ses racines françaises un goût aigu pour la poésie. Sa voix est un don qui lui permet de remplir d’émotions et d’humanité une musique parfois rigidifiée par une section rythmique trop linéaire. C’est notamment son interprétation qui sauve le technoïde "Silent Alarm (War Cry)" de la catastrophe. Ses harmonies vocales sur "Need Your Touch" ou "Strike The Match" valent à elles seules l’écoute de Black Lace Prophecy.
Pour un deuxième album, Cylew impressionne par son écriture et sa musicalité. Black Lace Prophecy est un disque très bien produit et qui pourrait plaire à une large audience, bien qu’aucune concession apparente ne soit faite à un formatage commercial. Dans un style pop-rock-electro trop souvent insipide et promu par les médias Black Lace Prophecy est une heureuse découverte dont les charmes s’avèrent des plus plaisants.