Voici le retour des complexes Texans de Herd of Instinct avec la sortie de leur second album "Conjure". Ce combo est composé du guitariste Mark Cook et du batteur Jason Spradlin de feu "99 Names Of Gods", tous deux rejoints par Mike Davison de Nerverwerks.
Leur musique instrumentale est gouvernée par de multiples influences jazz, ambiant, électronique, avant-gardiste, et progressives. Leur premier opus orienté free jazz et free progressif, sorti en 2011, fut encensé par les uns, non compris ou même complètement dénigré par les autres. Le seul point commun admis par tous était son rapprochement avec le légendaire King Crimson.
Deux ans plus tard, ce groupe très talentueux nous revient avec "Conjure", un album qui montre une nette évolution par rapport à son prédécesseur. Il y a toujours ce lien avec la bande de Robert Fripp, notamment grâce aux guitares de Mike Davison et de Mark Cook. La musique proposée est toujours aussi technique, cependant la palette des humeurs est d'une plus grande diversité, les percussions plus organiques, moins présentes et plus subtiles. Gayle Ellett, en jouant une variété considérable de claviers et notamment du Mellotron, apporte un plus et semble être devenu un membre à part entière du groupe.
Herd Of Instinct pratique toujours une musique basée sur l'improvisation et les discordances. Les instruments et les styles, trop nombreux, donnent l’impression d’une apparence free. Cependant quelques titres sortent du lot comme la belle et apaisante ‘Alice Krige pt.1’ avec sa flûte rêveuse et ses mélodies jazzy à la trompette. 'Solitude One', avec ses lignes de Dilruba (vièle indienne) offre une ambiance plus dansante. Enfin, l'album se termine avec la berceuse psychédélique ‘The Secret Of Fire’ qui complète ce parcours diversifié mais pas toujours très cohérent.
Difficile pour moi de ne pas paraphraser l’excellente chronique de mon collègue Corto qui, spécialiste entre autres des musiques bizarroïdes, eut la lourde tâche d’évaluer leur premier opus. Effectivement, le groupe explore, malgré quelques efforts pour rester cohérent, un nombre trop important d’univers musicaux sans réussir à trouver son propre style. Ce second opus est mieux réalisé et plus digeste, mais il est toujours aussi difficile d’absorber tous les titres. A réserver aux plus téméraires...