Deuxième effort pour nos Lyonnais de Sarcasme, sept années après “Mirage” : voici “Instinct”. On y retrouve le même line-up et le même esprit que sur l'album précédent, à savoir un rock progressif très français, largement imprégné de l’esprit d’Ange ou de Jethro Tull, la flûte de Marlène Bouchisse tenant un important rôle de soliste aux cotés des guitares des frères Thomas.
Si la présence de la flûte pourrait faire croire que les ambiances rêveuses ou éthérées dominent (ce qui est le cas dans ‘Adyanne’), c’est souvent l’impression de conflit qui domine avec un ton parfois guerrier (l’intro de ‘Bizness’). Pourtant, l’instrumentation s’y prête assez peu, avec des guitares généralement peu dominatrices et une absence de claviers qui ne permet pas de densifier les atmosphères.
“Instinct” souffre d’un certain nombre de défauts que les méchantes langues pourraient qualifier de “très français” : les vocaux, tout d’abord, heureusement parcimonieux, sont plus souvent scandés que chantés (cf. le récitatif pontifiant en intro de ‘La Longue Route’). Le ton général ensuite, manquant un peu de mordant, avec des ambiances quelque peu étriquées, artificielles (le début de ‘Terre Inconnue’) ou manquant de lyrisme. Les guitares sont généralement plus dans la rapidité que dans l’ampleur, rendant le propos plus hermétique voire élitiste. Ajoutez à cela une production moyennement dynamique, confinant les ambiances dans les 70’s, et l’impression qui surnage est la désuétude, assez loin des canons modernes.
Pour autant, dans les passages instrumentaux plus calmes, Sarcasme arrive à trouver un ton plus accueillant, dans les traces d’un Camel ou d’un Ant Phillips. La lente montée introductive de ‘Abysse’, les passages intimistes de ‘La Marche’ ou le solo de guitare de ‘Bizness’ donnent des moments d’écoute très agréables.
“Instinct” illustre toute la difficulté qu’il y a à produire une musique moderne et originale en utilisant des instruments très connotés “classique” - ici la flûte traversière. Rares sont ceux qui ont réussi dans cette optique, et Sarcasme ne fera pas exception dans ce domaine. Difficile de ne pas (re)souligner que le manque de claviers est pénalisant dans ce style...