Après trois premiers albums passés plutôt inaperçus, la carrière d'Ultravox va véritablement décoller avec l'arrivée d'un nouveau chanteur/guitariste, en la personne de Midge Ure, acolyte de Billy Currie au sein de Visage, auteur du tubesque Fade To Grey. Débute alors une période faste de 5 albums pour le groupe, inaugurée avec la sortie de Vienna en 1980.
Abandonnant ses dernières effluves punk et glam, le quatuor va résolument plonger tête la première dans la new-wave, venant clore le chapitre précédent à grands renforts de synthétiseurs. Et pour inaugurer son nouvel album, Ultravox va rassembler tous les ingrédients de sa nouvelle orientation dans un premier titre totalement instrumental. Astradyne pose ainsi les bases d'une new-wave délicieusement synthétique, portée par des claviers aux sonorités emplissant l'atmosphère, soutenus par une rythmique dynamique et linéaire, qui deviendront dès lors la marque de fabrique du groupe. Pour enjoliver tout cela, Billy Currie y ajoute quelques saillies de cordes (violon et alto) électrifiées et distordues, qui achèvent de rendre l'atmosphère particulièrement envoûtante. Ne manque plus alors que la voix du nouveau venu pour entériner tout cela, ce qui sera chose faite dès New Europeans, avec une confirmation en beauté de la qualité mélodique du groupe sous la forme des tubes devenus incontournables que sont Passing Strangers ou encore Sleepwalk, ce dernier étant le parfait archétype de la chanson typique du groupe.
Pourtant, Vienna ne se présente pas comme un album linéaire, mais plutôt comme une transition entre deux époques. Preuve en sont les deux ovnis débutant la deuxième 'face' de l'album. Mr X nous propose une musique façon Kraftwerk, rehaussée une nouvelle fois par les interventions de violon de M. Currie (dont la Madame homonyme est citée dans un célèbre titre du groupe allemand !), et se retrouve enchaîné avec Western Promise, morceau à la limite de l'expérimentation, surprenant l'auditeur lors d'une première écoute distraite, mais se révélant au fil du temps. Retour ensuite au nouveau statut du groupe avec le magnifique titre éponyme, intégrant un pont instrumental venant dynamiser l'ambiance paisible du morceau, avant de terminer la galette par All Stood Still, dernière plage typique du son Ultravox, que l'on retrouvera d'ailleurs dans la plupart des "Best-Of" du groupe.
Inaugurateur d'une ère de succès pour Ultravox, Vienna demeure, plus de 30 ans après sa sortie, un album toujours aussi plaisant à redécouvrir. La marque des grands, assurément.