Surfant sur la vague d'un succès naissant, Ultravox ne laisse pas retomber le soufflé monté avec la parution de Vienna et livre à ses fans l'année suivante, l'album Rage In Eden, enregistré en Allemagne, terre de prédilection pour le groupe.
Et d'entrée, le groupe va confirmer sa nouvelle dimension inaugurée avec Vienna, avec un tube que l'on pourrait presque qualifier d'ultime, tant les ingrédients qu'il réunit s'avèrent tout bonnement délicieux. En 6 minutes, The Voice nous propose en effet une mélodie magique qui s'ancre dans la tête, portée par une rythmique dynamique à la basse enjouée, et des claviers symphoniques à la rondeur gouleyante. Ultravox y intègre de surcroît ce qui va devenir au fil des titres une autre marque de fabrique du groupe, à savoir un de ces passages instrumentaux permettant de rompre la linéarité traditionnelle des chansons pop et d'en relever un peu plus l'intérêt.
Après avoir porté cette nouvelle production sur de tels fonds baptismaux, la bande de Billy Currie et Midge Ure ne pouvait décemment pas décevoir, et le moins que l'on puisse constater est que la suite va se révéler d'un niveau tout à fait remarquable. De We Stand Alone à The Thin Wall, le quatuor va continuer à décliner sa recette avec bonheur : des mélodies "catchy" propulsées par une rythmique dynamique, une inspiration sans cesse renouvelée et surtout des claviers majestueux, accompagnés par les saillies de guitare saturée de Midge Ure, particulièrement mises en valeur dans les passages instrumentaux (I Remember).
Cinq titres et autant de tubes en puissance, peu de groupes peuvent se prévaloir d'une telle constance sur un même album. Il faudra ainsi attendre le très synthétique Stranger Within pour constater une baisse toute relative de niveau, la fin de l'album restant ensuite dans les mêmes eaux avec un instrumental répétitif (The Ascent) et une dernière plage assez quelconque mais somme toute bien vue pour conclure en douceur ce qui reste aujourd'hui un des albums de référence de cette époque pop/new-wave, même si son succès n'aura peut-être pas été totalement à la hauteur de ses qualités, atteignant néanmoins la quatrième place des charts britanniques. Il en reste un album incontournable dans la discographie d'Ultravox mais également dans la discothèque de tout amateur de pop/new-wave des années 80.