A peine le temps de savourer le succès de Rage In Eden qu'Ultravox remet le couvert en sortant Quartet tout juste 12 mois plus tard, en s'adjoignant rien moins que les services de producteur de George Martin (faut-il encore présenter celui que tout le monde a surnommé le 5ème Beatles ?)
Et à l'instar de son prédécesseur, ce nouvel album va comporter son lot de merveilles pop. Là ou Rage In Eden démarrait avec The Voice, sorte de single ultime, Quartet nous propose en guise d'apéritif son quasi-clone, Reap The Wild Wind : rythmique similaire, mélodie imparable, accompagnements de synthétiseurs soignés et une même utilisation des chœurs en arpège pour lancer le refrain. On ne change pas une recette qui gagne, et en l'occurrence Ultravox maîtrise celle-ci à merveille. A peine le temps de se dire que le titre suivant apparaît bien mièvre que Mine For Life remet le couvert, comme une mise en bouche destinée à accueillir le plat de résistance et une pépite au titre évocateur : avec Hymn, le quatuor anglais nous délivre un nouveau titre pop ultime, de ceux qui s'ancrent de manière durable dans la tête par la grâce de mélodies imparables et d'orchestrations qui délivrent des frissons à leur écoute.
Difficile de digérer une telle 'première face', et la suite apparaît forcément moins clinquante, malgré encore un excellent Visions In Blue. Mais là, il s'agit de l'arbre qui masque la forêt car les derniers titres apparaissent moins travaillés, et en tout cas beaucoup trop directs pour soutenir la comparaison avec les standards du groupe désormais très hauts perchés. Rythmiques électroniques énervantes, mélodies peu convaincantes et accompagnements basiques viennent ainsi casser la dynamique de ce sixième album pour lequel Ultravox n'avait peut-être pas suffisamment de (bonne) matière disponible aussi peu de temps après ses précédentes productions.
Porté au pinacle des charts par ses singles et notamment par l'incroyable Hymn, Quartet s'avère néanmoins le moins abouti des albums de la quinte flush délivrée par Ultravox dans sa période Midge Ure, et ce malgré tout le soin apporté à sa production. La suite nous révèlera qu'il ne s'agit que d'un simple essoufflement passager, le meilleur restant à venir.
Un dernier mot au sujet des quatre 'faces B' des singles extraits de l'album, proposées en bonus de la réédition CD de 1999, pour souligner leur consternante nullité, au point de se demander si ces 'compositions' sont issues des mêmes têtes pensantes que les titres qui les précèdent sur la galette.