Deux années sont passées depuis la parution à succès de Lament, et Ultravox va clore un chapitre de son histoire avec la publication d'un huitième album au titre peu original, affublé de surcroît d'une pochette tout bonnement immonde qui aujourd'hui justifierait à elle-seule un achat numérique plutôt qu'une acquisition physique. Fin d'une époque à double titre, puisqu'au départ du batteur historique Warren Cann, viré avant l'enregistrement de l'album, U-Vox va s'avérer, avant la reformation du groupe et la sortie de Brilliant en 2012, comme la dernière émanation studio de Midge Ure avec le groupe, avant son envol pour une carrière en solo débutée l'année précédente avec la parution de The Gift.
Beaucoup de changements également au niveau de la musique proposée par le groupe sur ce nouvel album, avec une évolution très sensible du style. Avec l'apparition d'un nouveau batteur, c'est toute la section rythmique qui se retrouve mixée de manière très différente. Celui-ci nous propose des sonorités de fûts bien profondes, bien loin des percussions électroniques ou sonnant comme telles, avec un jeu nettement moins mécanique, et donc beaucoup plus varié. La basse n'est pas en reste, et loin de se cantonner à son habituel accompagnement rythmique, celle-ci se met à participer grandement au renouvellement du style Ultravox, offrant quelques séquences bien clinquantes (Sweet Surrender notamment).
Du côté des compositions, l'évolution est également notable, avec un style qui se rapproche des standards new-wave de l'époque, et notamment de Simple Minds. On notera également la présence de chœurs féminins (Same Old Story, ainsi que l'utilisation fréquente de cuivres, sublimant par exemple les parties instrumentales du très symphonique All In One Day. Le tout sonne de manière très raffinée, mettant de nouveau en valeur un sens mélodique hors du commun, servi par des orchestrations soyeuses. Pour s'en convaincre, il suffit de se plonger dans l'écoute de Dream On en se laissant envoûter par ses basses profondes et la voix magique de Midge Ure. Cerise sur le gâteau, All Fall Down et son caractère celtique, magistralement interprété en duo avec The Chieftains, viendra tirer des larmes aux yeux de tout auditeur un tant soit peu sensible et réceptif à ces ambiances magiques.
Album décrié lors de sa sortie, et probablement pas reconnu à sa juste valeur en raison certainement de ses différences plus ou moins marquées par rapport à ses prédécesseurs, U-Vox reste une galette incontournable dans l'histoire du groupe, voire même dans l'histoire de la new-wave des années 80.