Après l'explosion en plein vol du groupe suite à la parution de U-Vox, Midge Ure et Billy Currie ont chacun entamé une carrière solo. Si celle du premier a continué à générer quelque intérêt, les deux albums publiés sous son nom par le second sont passés pour le moins inaperçus. C'est vraisemblablement pour cette raison que le violoniste décida en 1992 de remettre la marque Ultravox au goût du jour, celle-ci offrant une exposition médiatique et commerciale bien plus avantageuse.
Arme à double tranchant cependant, car il est difficile de repartir de presque zéro après une période aussi glorieuse que celle marquée par le succès engendré par les cinq albums publiés de Vienna à U-Vox. Aussi, la sortie en 1993 de Revelation, neuvième album du groupe, aussi inattendue soit-elle, fut accueillie avec circonspection.
Pourtant, l'entame de l'album avec I am Alive, choisi comme single et au titre prémonitoire symbolisant la résurrection du groupe, présente un côté rassurant : certes, on sent bien que la new-wave est (dé)passée et que, tout en gardant une certaine emphase au niveau des sonorités de clavier, le groupe a cherché à évoluer et à sonner de manière plus moderne, abandonnant notamment ses accompagnements rythmiques si caractéristiques. Néanmoins, ce titre renvoie aux riches heures passées et l'auditeur se prend à rêver d'une nouvelle galette passionnante.
Malheureusement, la désillusion va venir rapidement prendre la place de l'espérance. Sans que les morceaux suivants ne soient mauvais, force est de constater que cette nouvelle mouture d'Ultravox ne parvient pas à passionner. Les titres tournent rapidement en rond et la qualité mélodique qui faisait sa marque de fabrique est très clairement absente. Les sonorités de piano sont toujours présentes, le violon de Billy Currie également de même que les saillies de guitare, mais il manque ce petit quelque chose Du coup, malgré une qualité de réalisation plus que correcte et un Tony Fenelle qui certes ne fait pas oublier Midge Ure mais le remplace de manière fort honorable, l'ensemble ne parvient jamais à décoller. Et ce ne sont pas les horripilants chœurs féminins mixés à la sauce "américaine" qui vont venir ranimer la flamme, quand bien même des titres comme The Closer I get You et No Turning Back parviennent à tirer leur épingle du jeu.
Ayant pris le risque du jeu des comparaisons avec la période antérieure du groupe, Billy Currie n'est pas parvenu avec cet album à ressusciter de manière crédible le nom d'Ultravox. Sans être franchement mauvais, Revelation ne tient pas la comparaison avec ses prédécesseurs ; nul doute que l'utilisation d'une marque de tel prestige a nui à la perception de la qualité globale de cette production, victime non seulement de son caractère trop lisse mais aussi et surtout d'une grosse erreur marketing.