En ce début des années 80, une vague de groupes, pour la plupart en provenance de Californie, affublés de coiffures défiants les lois de la pesanteur et de tenues aux couleurs criardes, vient bousculer le paysage Hard-Rock US. Ses leaders ont pour nom Mötley Crüe, Ratt ou W.A.S.P., et derrière des riffs privilégiant l'efficacité et la mélodie, ils crient leur rébellion et leur amour de la rock'n'roll way of life avec tous ses excès. Formé à Phoenix (Arizona) par 3 potes de lycée, Dan Wexler (guitare), Tracy Wallach (basse) et Stephen Clifford (chant), et originalement appelé Schoolboys, Icon prend son envol en 1984 après avoir été repéré par le producteur Mike Varney (Marty Friedman, Ritchie Kotzen, Jason Becker…).
Dès son premier album éponyme, le quintet s'impose comme un espoir du genre, même s'il manque encore un peu d'originalité. La paire de grosses guitares se livrant à de beaux duels sur certains soli ("I'm Alive") et s'appuyant sur une section rythmique solide, rappelle immédiatement Ratt. Les refrains sont souvent accrocheurs et s'immiscent directement dans la mémoire ("(Rock On) Through The Night") et le son délivré par Varney renvoie directement au gang des rongeurs californiens, même si la voix de Clifford est moins maitrisée que celle de Pearcy. Dès qu'il monte dans les aigus, le chanteur force trop son organe et devient rapidement agaçant, ce qui gâche quelques compositions pourtant bien troussées ("Rock'n'Roll Maniac").
Icon sait également alterner les tempi, ralentissant le rythme et se faisant heavy ("Killer Machine"), sombre ("Wold War") voire martial et flirtant avec W.A.S.P. ("Hot Desert Night"), même si là-aussi, Clifford ne maitrise pas ses cris aussi bien qu'un Blackie Lawless peut le faire. Le domaine dans lequel les Américains semblent le plus à l'aise semble cependant se trouver sur des accélérations maitrisées et efficaces, comme sur le single "On Your Feet", accrocheur et entrainant en diable, ou sur un "Under My Gun" cinglant, même s'il revient vers une identité très proche de Ratt. L'exercice de la power-ballade est relativement bien exécuté ("It's Up To You"), pas inoubliable mais pas larmoyant quoi qu'un peu naïf, alors que la principale originalité vient du court instrumental "Iconoclast" mettant la technique au service d'une mélancolie palpable.
Avec une personnalité plus appuyée, un chant mieux maitrisé et certaines fins de titres mieux travaillées, Icon devrait avoir les moyens de rejoindre le peloton de tête des formations Glam-Metal US. En attendant, s'il laisse deviner de réelles qualités, en particulier au niveau de son duo de guitaristes au talent évident, cet album ne dépasse pas le statut d'espoir du genre.