Originaire de Torun en Pologne, Logic Mess est une jeune formation progressive aux ambitions bien affichées en ce début 2013. Ils viennent de signer chez Lynx Music et s'autorisent un concept album en guise de premier essai. Le concept futuriste de 'Element Of The Grid' traite de la vision d'un monde artificiel (à la Matrix), dont la véritable nature est révélée à ses habitants, ceux-ci préférant au final la douceur de l'illusion à la cruauté de la réalité.
Passée l'intro narrative qui campe le décor et l'histoire, les premières notes de "Welcome To The Pandemic States" nous plongent dans un prog léché, teinté de métal. L'accent est mis sur la finesse de composition avec la voix douce et chaleureuse de Krzyszof Owsiak (mot compte double). Les quelques dix minutes de cette pièce introductive sont faites de développements progressifs du meilleur effet, alternant thème principal et breaks intelligents. Les changements de rythmes sont déjà légion et les passages instrumentaux emportent l'auditeur au cœur du voyage que le groupe va nous faire parcourir.
Les morceaux s'enchaînent avec une tendance un peu plus métallique pour "Arcadia" et "The Guardians Of Integration". Les 5 jeunes polonais parviennent à mélanger habilement les ambiances de façon à conserver une ligne narrative cohérente qui colle parfaitement au thème du concept de l'album (les claviers électro du break de "The Guardians Of Integration"). La fin du morceau décolle avec un riff effréné et des claviers changeants. Le premier tiers de l'album s'achève sans donner le temps de respirer. Ca foisonne de petites idées excellentes rendant l'écoute passionnante.
Certains titres sont plus directs tels que, "Surrender" à la mélodie subtile ou "Systematic Cube" au break central sublime. Les variations vocales de Krzyszof Owsiak y font merveille et les chœurs qui émaillent l'album renforcent le côté narratif de l'aventure. La plus longue pièce de l'album "Over The Giant Wall" et ses 13 minutes passées n'est pas là pour faire gonfler les statistiques. Elle propose là encore des développements progressifs judicieux et constitue l'un des points d'orgue de l'ensemble. La virtuosité des 5 jeunes musiciens y est à son apogée. Mentions spéciales à Piotr Majka et son jeu de batterie subtil, ainsi qu'à Piotr Wypych dont les multiples variations aux claviers contribuent grandement à l'ambiance générale de l'album. Les chœurs du refrain apportent une puissance épique contenue qui contraste avec la douceur des couplets de Krzyszof Owsiak.
Si Logic Mess nous délivre un concept album réussi pour leur premier essai, c'est qu'ils débordent de talent. Si les bonnes idées fourmillent, il faudra cependant quelques écoutes pour bien les appréhender. Pourtant, rien de complexe dans l'exécution, aucune démonstration technique dans la musique de Logic Mess, au contraire, tout n'y est que feeling et créativité. La Pologne est un vivier inépuisable pour la musique progressive et Logic Mess s'inscrit déjà comme l'un de ses fers de lance.