Rien ne sert de crier dans l'espace, personne ne vous entendra
Bienvenue dans un monde sombre et dénué d’humanité, le monde noir et désespéré de Erdh.
Au travers de sept longues pièces, le duo formé par Emmanuel ‘El Worm’ Levy et Nicolas Pingnelain vous conduira vers des contrées désolées, vous fera partager des ambiances d’épouvante dignes des maîtres du fantastique.
La musique est oppressante, les rythmes sont épais, la voix est caverneuse.
Écoutez ces chants de la perdition, ces oraisons macabres pour âmes damnées. Des esprits perdus dans les méandres du vide intersidéral, perdus dans des plaisirs charnels-mécaniques ou aveuglés par des pulsions sadiques.
Les guitares sont efficaces et lourdes, les rythmiques tissent une toile d'araignée, pour faire de vous une pitoyable proie sans défense. Les claviers ont des sonorités froides et industrielles, ils habillent les compositions d’une froideur arctique et d’un son moderne. Ils parent le disque d’ambiances cinématographiques (on se croirait dans Alien). La voix est inquiétante : parlée (Science Affliction), hurlée (Sinking), scandée ou chantée à la manière de Eric Clayton. La batterie (artificielle ou naturelle) construit des instants de force brute.
Cet album aux ambiances multiples est donc une bonne surprise, il réjouira les amateurs de musique épaisse, malsaine aux contours industriels.
Mettez un pied dans ce cloaque, entrez dans ces mondes désolés, accostez pour cette croisière infernale, assistez horrifiés à ces histoires où l'homme est confronté à sa propre bestialité ou son inhumanité (la démarche rappelant fortement le travail de S.U.P / supuration).
Une musique d’une apocalypse intérieure, le spleen moderne à l’état pur.
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’horribles araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout-à-coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
— Et d’anciens corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; et, l’Espoir
Pleurant comme un vaincu, l’Angoisse despotique
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.