Habitués à sillonner les routes irlandaises avec le reste de leur famille (les parents et leurs 3 sœurs) pour donner des concerts de musique traditionnelle, les frères Mc Manus, John (basse et chant), Pat (guitare et violon) et Tommy (batterie) décident de monter leur propre groupe de rock celtique intitulé Pulse et inspiré par Horslips. C'est le bassiste de ce groupe qui les repère et leur offre quelques premières parties qui leur permettent de se faire remarquer par quelques radios locales. C'est d'ailleurs le DJ de l'une d'elles qui, amusé par la jeunesse et la naïveté du trio (Tommy n'a même pas 15 ans à l'époque), leur propose leur nouveau nom qu'ils adopteront désormais: Mama's Boys ! Entre 1980 et 1983, le combo irlandais va enregistrer 3 albums autoproduits ("Official Bootleg", "Plug It In" et "Turn It Up") dans un style Hard-Rock, certes très influencé par Thin Lizzy, la légende locale, mais faisant déjà preuve d'un sacré tempérament (en même temps, en est-il possible autrement lorsque l'on est Irlandais ?) et d'une identité déjà bien affirmée. De cette période faste, seul "Plug It In" a eu droit à une sortie CD datant de 1988.
En plus des 8 titres d'origine, cette édition contient également 4 bonus dispersés au milieu de la tracklist, dont l'intérêt historique ("Record Machine", tiré du premier album) et la qualité des compositions ("Silence Is Out Of Fashion" et "Hard Headed Ways") sont souvent handicapés par une production particulièrement faible. La version rallongée de "In The Heat Of The Night" est quant à elle dispensable. Mais ceci ne doit en aucun cas faire oublier la qualité du reste, surtout lorsque l'on prend en compte l'âge des 3 frangins à l'époque, et le fait qu'il ne s'agit que de leur second opus. Si la voix de John montre quelques limites lorsqu'il doit la forcer, il ne dérape cependant jamais et assure parfaitement son rôle, tout en étant capable de fournir des lignes de basse efficaces et variées. Le dynamisme et l'énergie parfaitement maitrisée de Tommy est particulièrement bluffante à la batterie, mais celui qui s'impose comme le diamant brut du trio est, sans aucun doute, Pat qui délivre des riffs imparables, mais surtout des soli lumineux, capable de varier son style en ne s'enfermant pas dans le Hard-Rock de façon restrictive.
Que dire de sa démonstration toute en finesse sur un "Needle In The Groove" au riff entêtant et à la basse toute en rondeur, et sur le solo duquel Pat se la joue jazzy, si ce n'est que Mama's Boys possède déjà un tube imparable ? A cette catégorie, il impossible de ne pas rajouter "Runaway Dreams", mid-tempo appuyé faisant suite à une introduction en arpèges, propulsé par une ligne de basse simple et efficace rejoignant la guitare sur chaque relance, et surtout, voyant Pat enchainer un premier solo en harmonies puis un second au violon. Avec "Straight Forward", direct et au refrain hymnique, ce sont déjà 3 titres incontournables que nous offre le trio. Le reste est également de qualité, souvent direct et mélodique avec un refrain accrocheur ("In The Heat Of the Night"), se faisant parfois cinglant ("Burnin' Up", "Reach For The Top"), et rendant hommage aux ainés de Thin Lizzy ("Getting Out") et aux racines blues européennes (la ballade "Belfast City Blues" gorgée de feeling).
Mama's Boys s'impose déjà comme un diamant brut, quoi que déjà bien travaillé, et cet album, malgré ses défauts de production, se doit de figurer parmi toutes les discothèques d'amateurs de Hard-Rock européen des années 80. Il reste maintenant à se demander ce qu'attendent certaines maisons de disques pour rééditer les 4 premiers albums de ce groupe dont l'immense talent le mérite bien plus que quelques clones sans intérêt de la même époque.