Les amateurs d'effluves psychédéliques sont les personnes les plus heureuses du monde. Le genre se porte bien, merci pour lui, les labels (Elektrohash, Sulatron...) se multiplient et les groupes aussi, souvent excellents, toujours jouissifs.
Eternel homme de goût, Stefan Koglek de Colour Haze, a dégoté en All Them Witches un power-trio selon son coeur. Grand bien lui en a pris car sans lui, Our Mother Electricity ne serait peut-être pas parvenu jusqu'à nos platines, seulement à nos oreilles via le Net où l'objet végétait depuis plusieurs mois. Or, il eut été dommage que cette première galette ne bénéficie pas d'une vraie sortie, appuyée par un label respecté. C'est donc chose faite.
Si vous êtes un habitué d'Elektrohash (Sungrazer, The Machine, King Kronos), vous devez déjà avoir une petite idée de ce que contient l'opus en question et ce, aussi bien en terme de qualité (Koglek est un homme exigeant) que de son. Celui-ci transpire donc la sueur des années 70, le riff velu et fuzzy, le feeling humide. Mais, trahi par ses origines américaines et plus particulièrement du Sud (Nashville), le Rock de All Them Witches ne noue en définitive que peu de liens avec la chapelle Stoner/Psyché européenne que l'écurie allemande cultive d'habitude.
Porte d'entrée de l'album, "Heavy/Like A Witch" pourrait peut-être tromper des oreilles distraites mais il y a ce chant comme échappé d'une plantation du XIXème siècle sur lequel il s'ouvre, cette voix, celle du guitariste Ben McLeod, au grain suave et bluesy à la Jim Morrison et cet enrobage sonore à la fois roots et duveteux, autant d'indices d'une origine géographique qui détermine une coloration très particulière, plus sudiste et poussiérieuse.
Les titres suivants ne feront que le confirmer. Respiration folk ("Family Song For The Living"), blues tranquille et feutré ("Easy") ou plus râblé ("Bloodhounds", The Urn") émaillent ce menu chaleureux et plein de charme qui n'oublie cependant ni les orgies de guitares ("Right Hand") ni les pulsations nébuleuses à l'image de "Guns" et plus encore de l'ahurrisant "Until It Unwinds", soit une partouze dantesque de huit minutes où copulent Rock façon les Doors, claviers psyché et guitare tour à tour spatiale ou plus terreuse. L'apogée de l'album, sans aucun doute.
All Them Witches s'impose comme une belle découverte, aussi rafrachissante que personnelle, à laquelle certains reprocheront peut-être son côté parfois un mou du riff. Tant pis pour eux, ils n'ont rien compris...