Il se sera fait désirer celui-là. Certes, Transparence a été découvert par beaucoup en 2009 mais il avait été gravé en réalité deux ans plus tôt, interminable tunnel séparant ce galop d'essai remarqué de A Perfect Lie, son tardif successeur. Corollaire de cette (trop) longue abscence discographique, Markize a fortement évolué depuis ces balbutiements. De là à dire qu'il s'agit presque d'un autre groupe, il y a un pas que nous ne franchirons pas... tout à fait.
Au départ, formation de Gothic Metal à chanteuse dans le sillage des Within Temptation et autre Evanescence, les Français ont mis à profit cette gestation de plusieurs années pour gommer certaines attaches à un genre peu à peu vidé de son charme à force d'être pollué par des suiveurs de seconde zone. Markize n'a jamais fait partie de ceux-là et on se doutait bien de sa capacité à s'affranchir de ses influences. Le recours à plusieurs langues (français, anglais, russe) témoignait ainsi de plus de personnalité que chez la plupart de ses concurrents. Les concerts aidant, le groupe a progressé. A Perfect Lie en est l'illustration.
Agglomérant treize titres en près d'une heure, son menu se révèle très dense et seules de nombreuses haltes dans son intimité précieuse permettra d'en déceler toutes les nuances. Sa chanteuse, Aline Dunaevskaya, dotée de bien plus de charisme que nombre de ses consoeurs, survole toujours l'ensemble avec une grâce teintée de pudeur, évoluant dans tous les registres avec une aisance charmante, tour à tour émouvante ("Dance With Me") ou puissante ("Erase"). En outre, dans l'armature sidérurgique Gothic Metal ("Fight Them All") ont été fondu des boucles électro que l'on retrouve tout du long, de "Mechanical Heart" à "My Chains", touches modernes qui confèrent à l'album un petit côté Paradise Lost époque One Second / Host des plus agréables.
Le groupe a travaillé les arrangements et les ambiances ("Chto Nas Gdiot") pour un résultat souvent fascinant, toujours accrocheur. Avec intelligence, Markize, tout en prenant soin de conserver ce qui fait son identité, a su évoluer en enrichissant sa palette de sonorités inédites. Il réussit d'un seul coup de griffe à effacer une absence qui loin de lui avoir été préjudiciable, lui a apporté ce supplément d'âme qui lui faisait (un peu) défaut. Un retour gagnant.