Avec "Blooddrunk", Children Of Bodom n'a clairement pas retrouvé la forme artistique, mais il a réussi à faire parler de lui. Le disque, très typé métalcore et thrash, a largement divisé ses fans et le public métal en général. Et au final, c'est la déception qui l'a emporté et la tournée qui a suivi n'a pas réussi à sauver un groupe qui semble en pleine dérive sur pas mal d'aspects. "Skeletons In The Closet" arrive un peu par surprise. Cependant, il ne s'agit pas d'un nouvel album mais d'une compilation de reprises, exercice très prisé d'Alexi Laiho et de son compère clavier Janne Wirman.
Ce faisant, Children Of Bodom se repose un peu et s'offre un petit répit avec une récréation facile là où l'auditeur frustré aurait sans doute préféré de la nouveauté. Car "Skeletons In The Closet", s'il est rempli de 18 reprises, n'en contient que 4 réellement inédites. Toutes les autres datent de diverses époques de Bodom et étaient apparues sur des singles et autres éditions limités d'albums. Autant dire que l'intérêt d'un tel disque se pose, une fois la facette commerciale évacuée. Le fan absolu sera content de regrouper sur une même galette toutes ses reprises et le curieux sera intéressé de voir la variété extrême des goûts de Laiho et Wirman, tapant vraiment dans tous les genres. Mais au final, il n'en ressort pas grand-chose: l'exercice de la reprise est devenu atrocement banal et Bodom ne fait pas sortir son disque du lot et de la routine du genre.
Cela est d'autant plus vrai que les chansons sont assez fidèles aux originales et bien souvent, seul le chant extrême de Laiho ou les claviers de Wirman apportent une touche de différence. Les plus amusantes sont celles s'éloignant de l'univers black-death du groupe, mais une fois passée la surprise, elles s'avèrent vite oubliables et pas forcément au niveau des originales. Mais entendre Bodom s'éclater sur du Pat Benatar ("Hell If For Children"), du Creedence Clearwater Revival ("Lookin' Out My Back Door") ou encore du Poison ("Talk Dirty To Me"), du Kenny Rogers avec "Just Dropped In", un vieux titre des années 60, et du Billy Idol avec le célèbre "Rebel Yell", Laiho y chantant en voix claire, a quelque chose de frais et d'amusant. On sent clairement que les musiciens se font plaisir et Laiho et Wirman nous lâchent de temps en temps quelques bons soli bien rapides pour laisser leur petite touche.
A côté, le groupe reste aussi dans son style et rend hommage à de grosses pointures du métal comme Iron Maiden, avec un "Aces High" jouissif de rapidité et de puissance, Slayer ("Silent Scream"), Sepultura ("Mass Hypnosis"), et même si ces reprises sont assez fidèles, les entendre fait toujours plaisir. Enfin, le groupe reprend aussi des titres de Hard-Rock plus classique avec une relecture de Scorpions ("Don't Stop At The Top"), W.A.S.P. et son "Helion", ou encore l'inédit "Antisocial" à la sauce anglaise, et le "Bed Of Nails" d'Alice Cooper. Le groupe s'amuse, et même si on préférera les originales, il est sympathique de le voir rendre hommage à ses pairs. Il serait dommage aussi de rater la version de "Waiting" de King Diamond, rien que pour la prestation vocale très fidèle d'Alexi Laiho. Enfin on retrouve la version alcoolisé du "Ooops I Dit it Again" de Britney Spears, et ce délire aux allures de pari perdu est toujours amusant à entendre.
"Skeletons In The Closet" est clairement à réserver aux ultra fans tant il est assez inutile au-delà de quelques écoutes. Les quelques inédits se suffisent pas à justifier une acquisition pour les autres qui, après cette récréation, attendront avec impatience un nouvel album digne de ce nom en forme de revanche après le médiocre "Blooddrunk".