L'histoire de Marchesi Scarmoza (est-il besoin de dire qu'il s'agit d'un groupe italien ?) débute en 2009 lorsque cinq jeunes musiciens de Ferrare se réunissent pour partager leurs expériences musicales. Après s'être adonnés à quelques reprises, ils commencent à composer leurs propres chansons, ancrant résolument leur musique dans le rock progressif.
A l'écoute de "La Sposa Del Tempo", nul doute que nos cinq compères ont tété aux mamelles des déesses du progressif tant certains tics de ce style musical se retrouvent derrière chaque note de l'album. Les samples, les voix sortant de nulle part, les changements de rythmes ou de thèmes à répétition, l'absence de structure couplet/refrain sont autant d'artifices dont le groupe use et abuse.
Si je parle d'artifice, il ne s'agit malheureusement pas des feux du même nom mais plutôt du résultat artificiel qu'il nous est donné d'écouter. Les ficelles sont là, mais les cordes sont tellement grosses qu'il est difficile de s'intéresser réellement à cette musique. Non pas que celle-ci soit totalement dénuée de qualités. Marchesi Scarmoza joue un néo-prog agréable qui alterne des mouvements amples et d'autres plus confidentiels, mais malheureusement totalement dépourvus de sensibilité. On assiste en spectateur passif à une démonstration superficielle. Les solos de guitare sont légion, les claviers sont également très présents et certains passages au piano ont tout ce qu'il faut pour nous faire frissonner mais curieusement l'émotion reste hors de portée.
La faute en revient probablement aux trop nombreux changements de thèmes : pas le temps d'en apprécier un qu'un autre s'y substitue. Le groupe a trop systématisé les évolutions de climat, au point de n'en installer aucun. La musique saute du coq à l'âne, sans aucune transition, et l'auditeur se lasse vite de ce jeu de pistes sans queue ni tête. Par ailleurs si le claviériste et le guitariste s'écoutent avec plaisir, ce n'est pas le cas du chanteur qui joue mieux de la guitare acoustique qu'il ne chante. Abusant du vibrato, il peine souvent à placer sa voix quand il ne chante pas carrément faux. Autant dire que les parties instrumentales sont souvent un véritable soulagement.
Si le groupe persévère, "La Sposa Del Tempo" pourra passer avec le temps pour une œuvre de jeunesse. Contenant de bonnes idées mais inaboutie, brouillonne, flirtant avec l'émotion sans jamais parvenir à la susciter, techniquement perfectible, elle ressemble à bien d'autres commises par des groupes qui sont par la suite devenus des légendes. A Marchesi Scarmoza de prouver qu'ils sont faits du même bois.