The Beauty Of Gemina est un groupe suisse apparu en 2006 et qui a déjà sorti 4 albums studio. Le quatuor évolue dans un style assez sombre et gothique entre le rock, l'électro et parfois le punk. Autant vous l'annoncer immédiatement, ce cinquième album, totalement acoustique, apparait donc comme un OVNI dans la discographie du combo.
"The Myrrh Session" n'est pas à proprement parler un nouvel album mais une sorte de compilation, à quatre exceptions près, d'anciens titres revisités du groupe. Plutôt que de proposer des versions minimalistes des morceaux, The Beauty Of Gemina semble avoir beaucoup travaillé les orchestrations et les arrangements. La diversité dans les interprétations est au rendez vous, mettant parfois en valeur le piano, d'autres fois la guitare. Mais plutôt que de se limiter à ces instruments, somme toute assez classiques, le groupe nous offre également de sublimes passages de violon et de contrebasse.
A l'écoute, la voix de Michael Sele rappellera celle de Nick Cave. Pour ce qui est de la musique, tout comme dans leurs sessions électriques, la formation propose une grande diversité. Il sera ainsi possible d'entendre au fil des plages des sonorités d'inspirations Pop, Classique, Country, voire manouche ou flamenco. L'ombre des Cure mais également celles des Sisters Of Mercy ou des Doors plane sur quelques rythmiques de basses ou de guitares. Sans tomber dans le n'importe quoi, ce patchwork confère à l'ensemble une relative cohérence rendant l'album agréable malgré certaines longueurs.
Si 'Myrrh I', à l'image de la pochette, débute l'opus par une longue plage instrumentale au piano largement dispensable, il serait dommage de s'en tenir à cette première impression. La suite est bien plus accessible et nous propose de très bons moments. Citons le très country 'Dark Rain' et sa rythmique assez rapide associée aux cordes des guitares folk. 'Hunter' devrait quant à lui faire plaisir aux amateurs de jazz tout en proposant quelques embardées orientales. Laissez vous également envouter par la ballade 'Stairs', chantée à deux voix et nappée de violons. Enfin, Michael Sele, seul au chant et au piano, clôture l'album par une épanadiplose (le dictionnaire est ton ami) musicale plutôt réussie. Ce 'Last Words' nous laisse ainsi sur une très bonne impression et prouve que le projet a été construit et mené avec sérieux.
L'acoustique est à la mode et nombreux sont ceux qui s'y essaient par choix mercantile ou manque d'inspiration. Dans le cas présent, le groupe nous soumet un véritable travail d'orfèvre. "The Myrrh Sessions" est ainsi un bon point d'entrée pour découvrir l'univers de The Beauty Of Gemina et susciter l'envie de se pencher sur la discographie électrique du groupe. Pour les aficionados, l'album se révélera être un hors série indispensable mettant en relief la sensibilité du groupe comme jamais.