Biffy Clyro est un groupe encensé par la presse anglaise mais très peu connu dans l’Hexagone. Depuis plus de dix ans maintenant, le trio écossais forge une œuvre rock qui s’est nourrie de la fougue punk à l’occasion des trois premiers albums, pour évoluer vers un rock plus commercial à la production gigantesque, sans jamais renier une forte coloration alternative.
Opposites, le titre du nouvel album de Biffy Clyro, suppose la bivalence et c’est tout naturellement que les vingt morceaux le composant sont répartis sur un double album aux concepts distincts mais complémentaires.
The Sand At The Core Of Our Bones, ainsi est sous-titré le premier disque, porte une réflexion sur le tragique de certains événements passés, la solitude et l’introspection. The Land At The End Of Our Toes, quant à lui, est la réaction vitale qui permet d’avancer sans rester paralysé par le poids d’une histoire trop lourde à porter. Les textes reflètent cette dichotomie mais, tant musicalement quand dans la distribution des morceaux, les deux disques sont cohérents et équilibrés.
La touche immédiatement reconnaissable de Biffy Clyro se signale sur les passages les plus dynamiques avec lignes rapides de guitares, section rythmique dévastatrice et refrains mélodieux. Opposites est généreusement garni de ces brûlots, entre les hymnes "A Girl And His Cat" et "Victory Over The Sun", et les puissants "The Joke’s On Us", "Sound Like Balloons", "Little Hospitals" ou "Modern Magic Formula" qui devraient mettre les fosses en feu.
Les titres plus simples, mid-tempi ou popisants se voient agrémentés de passages survitaminés ("Different People", "Black Chandelier") ou enrichis d’orchestrations qui les transcendent ("Biblical" et "Accident Without Emergency").
Au milieu de ces morceaux dans la lignée de ceux auxquels Biffy Clyro nous ont habitués sur deux derniers albums, se trouve une belle collection de pépites originales ou expérimentales. Avec "The Fog" et "Skylight", le trio n’est jamais allé aussi loin dans le côté sombre et electro. Le bluesy "Trumpet Or Tap" est une trouvaille tout aussi géniale tant dans les voix que dans la construction harmonique. Enfin, les saillies de cornemuse ("Stingin’ Belle") et de trompettes (la magnifique "Spanish Radio") sont assez jubilatoires pour être signalées.
Depuis la rencontre du trio en 1995, leur complicité ne s’est jamais effritée. Aucun des trois musiciens ne prend le pas sur les autres et cette cohésion éclate une nouvelle fois dans ce Opposites admirablement produit par Garth Richardson. De par sa longueur et sa densité, ce disque promet de nombreuses écoutes passionnantes avant d’être digéré.