Abel Ganz est un groupe écossais qui s’inscrit dans la plus pure tradition néo progressive dans laquelle se déploieront des groupes tels que Marillion, Pallas ou encore Arena. Sur ce premier album paru en 1984, l’influence de Genesis est évidente dans son aspect le plus mélodique, empruntant des sonorités et des signatures musicales à "Wind And Wuthering" ou "And Then There Were Three…".
C’est en effet la mélodie et une certaine douceur qui caractérisent "Gratuitous Flas", grâce à une relative prépondérance du clavier du fondateur, Hew Montgomery, dont la variété est fort appréciable. Il s’impose dès le début de 'Little By Little' par de nombreuses mélodies qui ne permettent qu’une expression limitée de la guitare de Malcolm McNiven, souvent réduite à un rôle rythmique. La basse de Hugh Carter est également fondamentale, toute en rondeur et insufflant un relief intéressant. Pour ce qui concerne la voix d’Alan Reed, qui sera débauché plus tard par Pallas, le timbre est proche de celui de Phil Collins avec un peu plus de graves. Le chanteur n’est arrivé qu’après de nombreux concerts, ce qui transparaît dans les structures des titres où le chant n’intervient que de façon épisodique mais toujours de façon légère et agréable.
La mélodie développée dans 'Kean On The Job' est proche de Marillion. Bien qu’un peu répétitive, elle est très belle grâce à sa simplicité et à la guitare qui, délicatement, reprend la ligne de chant. McNiven démontre ici qu’il n’est pas qu’un faire-valoir pour ses partenaires même s’il n’atteint jamais ni le talent ni la créativité de Steve Hackett ou de Steve Rothery. L’instrumental 'The Scorpion' est plus progressif, et même s’il ne parvient que difficilement à s’extraire de la marque de Genesis, révèle une musique non dénuée d’un charme certain. Il est parfois assez rock et développe une musique riche, digne de Tony Banks dans sa construction. Le titre éponyme assène dans sa première partie, une rythmique également rock qui donne la part belle à la basse de Hugh Carter. L’album se termine sur une pièce de 16 minutes: 'The Dead Zone'. Il s’agit d’un titre plutôt lent, dans lequel l’ambiance est fondamentale avec ses mélodies douces, voire sirupeuses au clavier.
Avec une production quasiment parfaite, ce premier album d’Abel Ganz est vraiment une réussite car il est très agréable à écouter. Il est fortement sous l’influence du modèle évoqué plus haut mais il dégage une recherche mélodique et un certain esprit de douceur et de finesse qu’on ne peut qu’apprécier.