Fondé fin 2007, le combo polonais a très vite été remarqué et pris sous son aile par son compatriote Riverside et plus particulièrement Piotr Kozieradzki qui les a invité dans le cadre de la tournée "Anno Domini High Definition". Il les a aussi aidé dans ses démarches qui ont débouché sur le premier album "Journey Through The Hidden Gardens" sorti en 2010. Une tournée avec Marillion plus tard, les polonais reviennent avec ce deuxième effort, "Living Mirrors"…
Les premières notes planantes de l’instrumental atmosphérique "Dancing With Endless Love" valident totalement tout un pan des influences atmosphériques dont le combo se réclame au premier rang duquel on trouve Devin Townsend… Inspiré par la méditation et les sons de la nature, la démarche des polonais sur "Enigma of Abode" et ses touches électro pourra rappeler celle d’un Cynic…
Ce qui ressemblerait à une recette metal progressive avant-gardiste est alors vite rattrapée par le style en vogue actuel, à savoir le djent, à l’instar du terriblement accrocheur "Profane the Ground" très typé Textures auquel les riffs syncopés propres au genre mais également le sublime chant - uniquement clair pour l’occasion de Rafal Biernacki - font indéniablement penser. Et alors que l'on pouvait s'attendre à une progression djent à la TesseracT, Periphery et consorts, DispersE nous prend à contre-pied en nous balançant un superbe titre progressif, "Message From Atlantis", cerné par deux interludes instrumentales hypnotiques.
"Universal Love" reprend les hostilités djent là où "Profane the Ground" les avaient laissées avec un aspect jazz sensiblement marqué donnant aux riffs des allures de "Animals As Leaders". Une succulente recette déclinée sur le magnifique dytique "Be Afraid Of Nothing" et "Unbroken Shiver" totalement enivrant où les breaks atmosphériques prennent des allures d’un Toto inspiré. "Touching The Golden Cloud" et "Aum" poursuivent et achèvent ce voyage totalement enthousiasmant d’un metal prog aux accents djent sous l’influence mélodique d’un Toto qui lui-même aurait croisé Allan Holdsworth comme sur le splendide instrumental jazzy "Butoh".
Si les influences sont multiples, DispersE a parfaitement su les intégrer et former un ensemble totalement cohérent, au risque parfois de se répéter (le défaut des riffs djent ?). En résumé, "Living Mirrors" dynamite, disperse, ventile par petits bouts, façon puzzle, les sens d’un auditeur pantois devant tant de richesse musicale parfaitement digérée. Une seule chose à dire : "dziekuje" !