Si, à la fin des années 90, Arch Enemy peine encore à s'imposer malgré deux très bonnes offrandes, Black Earth tout d'abord, puis Burning Bridges alors sorti depuis peu, il n'en va pas de même de Spiritual Beggars, l'autre projet de l'ex Carcass (?) Mike Amott. Profitant de l'explosion commerciale de ce qu'on a baptisé le Stoner, le trio connaît un succès croissant, faisant de lui un des chefs de file de ce courant avec Orange Goblin, [h]SHeavy ou Monster Magnet. De fait, le successeur de Mantra III est fortement attendu et c'est en juillet 2000 qu'il déboule sur les platines, classique instantané, véritable usine à 'tubes', poursuivant l'évolution entamée par ses aînés et affirmant par la même, la pleine maturité désormais atteinte par les Suédois.
Pourtant, nonobstant son incontestable réussite, Ad Astra n'incarne-t-il pas déjà d'une certaine manière la fin d'une époque pour Spiritual Beggars ? Certains puristes le pensent, estimant qu'en recrutant officiellement le claviériste Per Wiberg, simple intervenant sur le disque précédent, quelque chose a été brisé. Le groupe n'est plus un power-trio, et ne le sera du reste jamais plus, changement moins anodin qu'il n'y parait en cela qu'une certaine forme de magie, d'innocence peut-être aussi, se sont envolées, laissant la place à une machine parfaitement huilée, presque surproduite par Fredrik Nordström, alors LE producteur que tout le monde s'arrache. Le fait que Spice ne tardera pas à quitter le Van pour mener une carrière solo hésitante, termine de donner raison à ceux qui pensent que "c'était mieux avant".
Néanmoins, comment résister aux nombreux brûlots que compte Ad Astra ? A la fois plus 'purplien' que jamais, grâce aux performances conjointes de Amott, à travers lequel revit le Ritchie Blackmore des années 70 ("Save Your Soul"), et de Per Wiberg, mais plus Heavy également ("Until The Morning"), l'opus maintient le juste équilibre entre virtuosité flamboyante et carapace velue, celle du bassiste et chanteur au jeu aussi lourd et sale que celui du guitariste est empreint de finesse et de puissance.
S'il enfile tout d'abord les hymnes ramassés, tels que les racés "Wonderful World" et" Sedated", qui permet à Mike Amott de briller de mille feux lors d'un solo final grandiose, ou les plus trapus comme "Angel Of Betrayal", Ad Astra achève sa course en beauté sur une dernière partie aux titres plus longs, plus lents, plus portés sur les ambiances, exception faite du furieux "The Goddess" qui hurle ses influences 'pourpre profond', depuis "Escaping The Fools" au refrain grisant, à "On Dark Rivers", sans oublier surtout le gigantesque "Mantra", lequel démarre en douceur avec un son d'orgue Hammond soyeux et des lignes de guitare Bluesy avant d'exploser en un feu d'artifice proche de l'extase.
Assurément, une des plus belles compositions des Suédois, sorte de chant du cygne sous le line-up historique (ou presque) qui semble alors être allé au bout de ce qu'il pouvait faire. Spice parti, le groupe jette son dévolu non pas sur un musicien mais sur deux : le bassiste Roger Nilsson de The Quill et bien entendu JB, le leader de Grand Magus. De trio, puis quatuor, Spiritual Beggars devient quintet, se rapprochant de la combinaison magique à la Blackmore.