Dans la pénombre, nos âmes rougeoient est la traduction du très beau titre du deuxième - et probablement dernier puisque le groupe vient d'annoncer sa séparation du moins sous cette forme - album de Fourteen Twenty Six, combo batave mené par Chris Van der Linden. A noter que celui-ci est également impliqué dans le projet Bow.
De par l'enchaînement et l'agencement des quinze pistes, cet album se présente comme un concept, dont je dois honnêtement avouer qu'il ne m'a pas été possible d'en saisir la trame. Ainsi, la première plage au titre évocateur Echo s'avère notamment le prolongement de la dernière. Dans le même ordre d'idées, plusieurs mini-suites s'étalent sur plusieurs plages enchaînées.
Au niveau de la musique, le groupe nous propose un rock progressif moderne et expérimental à tendance post-rock, aux consonances tout d'abord intimistes qui viennent ensuite éclater en bulles fortement électrifiées par la grâce de saillies de guitares saturées, sur une base rythmique non linéaire appuyée par une basse mise très en avant. Par certains côtés, l'ensemble pourrait sonner comme la rencontre de Mark Hollis (Talk Talk) et Shearwater, avec un côté mélancolique moins prononcé. Le tout est enrobé de bruitages et ajouts électroniques, lesquels s'appliquent également à produire des sonorités ultra-travaillées (pour ne pas dire bidouillées), avec une section rythmique aux sonorités très trafiquées donnant une désagréable impression de rendre l'espace sonore étriqué, là où une bonne ampleur aurait permis de contrebalancer des mélodies déroutantes, comportant de nombreuses ruptures.
Le côté mélodique n'est assurément pas le point fort de 14-26. Outre le fait qu'il est compliqué d'en suivre le fil (et je ne parle même pas ici de tenter de les mémoriser), le groupe s'ingénie régulièrement à rompre les lignes mélodiques de ses différents titres, poussant même le bouchon jusqu'à terminer ceux-ci de manière parfois très abrupte (Summer Snow). De même, le chant très plat, voire même limite juste de Chris van der Linden, rappelant les accents grunge des années 90, ne fait que renforcer le côté franchement désagréable de ces parties, d'autant que l'accompagnement instrumental prend régulièrement place au premier plan. Seules les sections harmonisées à plusieurs voix trouveront grâce aux oreilles des auditeurs exigeants.
Au final, une impression très mitigée se dégage à l'écoute de cet album. D'un côté, on retrouve une musique qui se veut inventive, portée par une section rythmique pleine d'imagination, proposant de nombreuses variations de thèmes et de climats et une alternance bien dosée entre parties chantées et intervention instrumentales, bref de quoi ravir tout amateur de progressif dans son acceptation la plus large ; et à l'opposé de ce menu alléchant, un parti-pris de réalisation et d'utilisation de sonorités qui nuit fortement au rendu ainsi qu'un manque d'inspiration mélodique viennent gâcher toutes les promesses ainsi posées sur le papier. Frustrant !