Johannes Luley est le guitariste-chanteur de Moth Vellum, formation américaine qui nous avait régalé en 2007 d'un album (le seul à ce jour) typé néo-prog avec de fortes références aux grands anciens. Malgré ce début prometteur, le groupe n'a pas duré et ce premier opus semble devoir rester sans successeur. L'écoute de ce "Tales From Sheepfather's Grove" débute donc avec quelques espoirs de retrouver l'univers tout juste ébauché de Moth Vellum.
Rapidement se révèle une nouvelle orientation musicale : loin du prog 70's ou du néo où il évoluait en collectif, l'œuvre solo de Johannes Luley est plus intimiste. Les références sont à chercher dans le folk, la world music et les noms qui viennent à l'esprit sont Jon Anderson, Mike Oldfield, Vangelis voire le Vital Duo des frères Payssan. 'Stab The Sea', titre qui ouvre les hostilités (très pacifistes du reste), est l'illustration parfaite de la tendance oldfieldienne de l'album, avec ses percussions quelque peu tribales et des chants qui ne le sont pas moins (tribaux). Sur 'Moments', c'est le coté andersonnien qui prédomine, jusque dans les paroles qui pourront faire penser à 'Ritual' (sur "Tales From Topographic Oceans" de Yes), mais en moins consistant.
Dans ce registre on pourra citer 'Give And Take' teinté d'un zeste d'Enya, 'The Fleeting World' et sa guitare howienne ou 'Atheos Spiritual', sorte de mélange bien sympathique entre Anderson et Oldfield sur un thème répétitif proche du 'Boléro' de Qui-vous-savez. Loin d'être désagréable, cet album est composé de titres aux ambiances world qui ne peuvent que réjouir les oreilles des amateurs du genre. Il n'y a guère que la deuxième piste, 'Guardians Of Time', qui manque de consistance. Cette ballade médiévale acoustique casse le rythme et si l'auteur l'a conçue comme un intermède voulu, l'effet n'est pas celui escompté.
A l'heure du bilan, la note semblera sévère à ceux qui apprécient les musiques apaisantes. A mon goût, la world musique demande un peu plus de punch ou d'emphase. Johannes Luley a su trouver de bonnes pistes malheureusement exploitées avec trop de sagesse.