Fort d'un essai encourageant et d'un 'Shadow Border' convaincant en 2009, The Aurora Project revient avec 'Selling The Aggression', troisième album du combo hollandais. Ce n'est pas à proprement parler un concept album, mais l'ensemble des titres parlent d'un même sujet, les changements dans l'ordre mondial au cours des 15 dernières années, sur fond de rock/métal progressif.
Si les deux précédents albums étaient classés dans la rubrique Rock Progressif (certes musclé), ce troisième opus a franchi un cap. La frontière est ténue entre les deux, mais les hollandais, sans muscler outre mesure le propos, ont intégré un peu plus de riffs syncopés dans leur musique en délaissant un peu les passages néo sans les abandonner totalement. Cette légère bifurcation ne constitue pas un virage brutal et ne se fait heureusement pas au détriment de la mélodie ou des émotions que procure leur musique. D'autant plus que The Aurora Project nous propose un album abouti et personnel. Les influences sont assimilées, transcendées et mènent le groupe loin des écueils que bon nombres de groupes sans identité musicale ne parviennent pas à éviter.
Cette identité est cette fois encore largement véhiculée par la performance vocale de son chanteur à la tessiture si particulière. Il vit pleinement les chansons et l'émotion qu'il y met se transmet immédiatement à l'auditeur. C'est particulièrement vrai sur "Sense Of Reality" au refrain aérien ou sur "Selling The Aggression" lorsqu'il épouse les variations d'ambiance contribuant à l'homogénéité de l'ensemble. La guitare de Marc Vooys est moins en évidence que sur les précédents opus notamment dans les soli, moins démonstrative et plus discrète, mais elle contribue cependant beaucoup plus à l'instauration des différentes ambiances. Le reste du groupe est d'une efficacité sans faille et les arrangements sont justes, précis et habilement disposés. La production, quant à elle, est impeccable.
Le groupe à su également apporter une grande variété à ses compositions. Par exemple, l'intro symphonique de "The Oil Supremacy" apporte un aspect inquiétant et théâtral au morceau. De même, celle de "Newtopia", sorte de crescendo post rock, explose en un feu d'artifice de décibels avant de laisser la place à un morceau plus classique, tout en émotion et en ambiances feutrées. Un sublime closer.
D'aucuns regretteront sûrement les aspects néo ou les délicieux atours planants du précédent album, mais les amateurs de Métal Progressif moderne et lêché se régaleront de ce 'Selling The Aggression'. Avec moins de 45 minutes au compteur, l'album pourra sembler un peu court mais à tout problème, il y a une solution : réécoutez l'album depuis le début.