Désormais très populaire et leader de son style musical, Dimmu Borgir semble intouchable au moment de proposer son 5ème album studio. Intouchable car en deux disques, il a prouvé qu'il pouvait proposer un black métal symphonique virulent mais accessible au travers de voix claires et passages de claviers. Pour cette offrande, la formation a encore évolué. Grâce a ses talents de chanteur, ICS Vortex a intégré le groupe et pris en même temps le poste de bassiste. Galder devient le deuxième guitariste aux côtés de Silenoz tandis que l'ex Cradle of Filth, Nicholas Barker, arrive derrière les futs. Avec ce line-up aux allures de dream-team, Dimmu Borgir va nous proposer son disque le plus ambitieux en remplaçant notamment les claviers par de vrais instruments joués par l'orchestre de l'Opéra de Göteborg.
Il en ressort un tourbillon musical de 11 plages d'une violence délectable qui a rarement été aussi belle. Violent, car en allant chercher Nicholas Barker et Galder, Dimmu Borgir a fait un excellent choix tant les deux hommes sont maitres de leur art. Barker est une véritable brute derrière sa batterie et son jeu apporte un remarquable supplément de puissance.
Le spectacle commence avec "Fear And Wonder", splendide introduction symphonique, digne d'une bande originale de film de Tim Burton, qui nous fait rentrer de plein pied dans un film d'épouvante gothique. Enlevée, mélodique, théâtrale et d'une brutalité d'une rare pureté, la musique du groupe rentre alors dans une nouvelle dimension avec ces arrangements classiques créant un métal extrême à la fois très intense - Shagrath est impressionnant de charisme au micro - et abordable.
Et quand Vortex s'en mêle vocalement, on touche au sublime tant notre homme propose des parties chantées d'une rare pureté. Avec "Kings Of The Carnival Creation", Dimmu Borgir signe même un de ses plus beaux titres qui, sur près de 8 minutes, nous fait passer de la noirceur à la lumière. Ce voyage fascinant continue avec "Hybrid Stigmata – The Apostasy", titre le plus cinématographique de l'album, dans lequel on retrouve ces transitions entre sauvagerie, gothisme et un sombre romantisme. Le break central y est de grande qualité avec ce parfait mélange entre la voix rude de Shagrath, une douce mélodie de piano et une nouvelle intervention aérienne de Vortex. Signalons aussi le très surprenant "Puritania", petite curiosité de trois minutes qui voit le groupe s'essayer à l'industriel avec réussite.
Dimmu Borgir signe avec "Puritanical Euphoric Misanthropia" un disque symphonique flamboyant, violent et d'une noirceur abyssale. En osant mélanger toutes leurs influences et en faisant appel à des orfèvres, Shagrath et Silenoz ont réussi l'album parfait. A présent au sommet de leur genre, il reste à voir comment ils sauront gérer la suite tant ce disque semble inégalable en qualité d'écriture et d'interprétation.