Difficile de savoir s'il s'agit d'un effet secondaire de la vodka à l'herbe de bison qu'on y boit, mais la Pologne semble être une source intarissable de nouveaux talents rock. Ainsi après SBB, Riverside, Coma, Satellite, Quidam et bien d'autres, c'est Archangelica qui, fort de déjà neuf années d'existence, tente l'aventure en produisant son premier album, "Like A Drug".
Contrairement à certains de leurs compatriotes, le groupe délaisse sa langue natale pour s'exprimer en anglais, perdant peut-être en caractère ce qu'il gagne en universalité. Car Archangelica semble bien décidé à toucher une audience la plus large possible, quitte pour cela à ne pas prendre trop de risques. Les neuf titres qui constituent l'album font preuve d'une belle homogénéité, tournant le plus souvent autour d'un métal prog doux dont pas un poil rétif ne dépasse et qui n'effarouchera pas même les plus délicats. Ce qui ne signifie pas pour autant que le disque distille une musique insipide et sans intérêt.
Chaque titre en effet dégage un capital sympathie immédiat par des mélodies directes, des structures couplet/refrain on ne peut plus simples, mais justes et bien agencées. L'ensemble est rythmé, enlevé et l'album ne connait pas de ventre mou. Les guitares se taillent la part du lion : acoustiques, elles égrènent de délicats arpèges, électriques, elles se lancent dans de vibrantes envolées. Eminemment volubiles mais jamais soûlantes. La rythmique est bien dosée entre une basse profonde et une batterie qui s'amuse sans pour autant tirer la vedette à soi. Les claviers souvent discrets apportent une petite touche de douceur de même que les quelques interventions aériennes de Natalia Matuszek qui mêle sa jolie voix à celle très mélodieuse également de Krzysiek Salapa. Ce dernier a un timbre assez doux, une voix travaillée qui sait moduler dans la douceur comme s'imposer dans la colère ou la frustration.
S'il fallait faire quelques reproches à cet opus, c'est du côté de l'originalité et de l'émotion qu'il faudrait les chercher. Les mélodies possèdent ce pouvoir de séduction immédiat qui caractérise les airs familiers à nos oreilles que nos mémoires reconnaissent sans les avoir jamais entendus, à trop ressembler à tant d'autres titres similaires. Et si l'écoute de "Like A Drug" procure bien du plaisir, il manque ce petit frisson qui transforme un bon album en excellent album.
On peut regretter qu'Archangelica utilise peut-être avec trop de parcimonie sa chanteuse et ses claviers qui semblent pourtant de taille à donner la répartie au chant masculin et aux guitares pour apporter la petite touche de sensibilité qui fait défaut. "Like A Drug" n'en est pas moins une belle réussite, gorgée de mélodies mélancolico-énergiques sur lesquelles il est bien agréable de se laisser aller à rêvasser.