En 2011, "When Age Has Done Its Duty" avait fait forte impression au sein de la rédaction, et nous attendions avec une certaine fébrilité le nouvel album de Cosmograf. Sans surprise, Robin Armstrong reste l'unique bâtisseur de ce projet baptisé "The Man Left In Space".
"The Man Left In Space" est un concept album, où Sam, interprété par Robin Armstrong, doit sauver l'humanité dans le cadre d'une mission spatiale de la dernière chance. Derrière ce décor, l'auteur aborde des notions bien plus terrestres, telles que l'aspiration, la réussite, les échecs ou bien encore l'isolement, l'ennui et la détresse. La fiction n'est toutefois pas si éloignée de la réalité. En effet, dans une interview, Robin Armstrong explique avoir été intrigué et inspiré par "Buzz" Aldrin, le coéquipier de Neil Armstrong pour la mission lunaire Apollon 11. Aldrin, moins médiatisé, a souffert de cette position le conduisant une fois de retour sur terre à des phases d'alcoolisme et de dépression.
Coté réalisation, si Robin Armstrong ne délègue plus le chant et l'assure correctement, il fait de nouveau appel à des invités de qualité pour l'assister dans les phases d'enregistrement. Nous retrouvons ainsi la plupart des musiciens des anciens voyages mais également un certain nombre de petits nouveaux. C'est ainsi que notre confrère et néanmoins ami, Thomas Konsler, plus connu sur le site sous le pseudo de Pete_T, prête sa voix pour quelques secondes sur 'When The Air Runs Out'. Pour le recruter, ainsi qu'un deuxième fan, Robin Armstrong a procédé de manière originale via un appel à candidature relayé par Facebook.
L'album débute par "How Did I Get Here ?", prologue, dont le seul intérêt est de planter le décor et introduire quelques questionnements. Par la suite, l'opus nous offre de bien belles mélodies mélangeant l'acoustique et l'électrique dans une tradition néo progressive clairement affichée. Vous serez certainement surpris par 'Aspire, Achieve' qui débute comme une petite ballade à la guitare acoustique avant l'arrivée d'un puissant riff de guitare électrique.
Si la guitare est à l'honneur, les claviers sont également de la partie rappelant parfois ceux de Martin Orford (IQ) ou de Clive Nolan (Pendragon). Malgré le grand nombre d'invité, les titres les plus significatifs sont ceux où Robin Armstrong assure le plus de postes ('The Man Left In Space', ' When The Air Runs Out'). Sur le titre éponyme, où il est simplement secondé à la batterie par Nick D'Virgilio, Robin nous offre un moment empreint d'émotion qui aurait trouvé sa place sur un album des Pink Floyd sans le moindre problème. "When The Air Runs Out" clôture l'histoire par des appels désespérés des contrôleurs de la mission. Sam ne semblant pas répondre, des alarmes se déclenchent. Toute cette ambiance pesante est retranscrite en musique par des claviers lugubres, des bourdonnements de basses et des alarmes synthétiques. La guitare électrique renforce le sentiment d'urgence et de non retour. L'intensité musicale diminue à la fin du titre faisant place à quelques derniers effets et messages plutôt angoissants.
Si les esprits chagrins, pinailleurs ou tout simplement objectifs trouveront que l'album comporte trop de narrations et d'effets, d'autres y verront simplement l'aspect conceptuel poussé à son paroxysme. Quoi qu'il en soit "The Man Left In Space" est une réalisation de qualité avec laquelle Robin Armstrong atteint de nouveaux sommets. Alors laissons le soin à chacun d'estimer si cet opus est meilleur ou moins bon que le précédent. Il reste tout à fait aussi indispensable et entre dans le cercle très fermé des prétendants au titre de l'album de l'année.