L'Italie, comme la Pologne est un des principaux viviers du métal progressif de cette décennie et c'est de l'autre côté des Alpes que nous vient Odd Dimension avec son second album. Malheureusement, la majorité de ces groupes italiens a souvent du mal à sortir de l'ordinaire dans le genre, le niveau général restant souvent en dessous de la moyenne. Odd Dimension réussira t-il l'exploit de s'en extirper avec cet opus ?
Les deux premiers titres nous apportent quelques éléments de réponse : Odd Dimension pratique une musique dynamique proche des standards du genre. Un peu trop proche peut-être. Si les codes du métal prog sont reconnaissables dès les premières mesures, cela manque un peu d'originalité et l'impression de déjà-entendu est trop présente. Pourtant l'ensemble est bien exécuté, très bien produit (mixé par Marco Barusso à qui l'on doit les dernières productions de Lacuna Coil notamment).
La voix de Manuel Candiotto se place bien et sert des mélodies facilement mémorisables. On notera des petits soucis de justesse et d'accent (problème récurrent chez nombre de chanteurs transalpins) non rédhibitoires car largement compensés par la variété apportée dans l'interprétation. "Under The Creed" propose une fin de morceau instrumentale faite de changements de rythmes, entre breaks et riffs rapides et syncopés du meilleur effet. La suite est encore plus intéressante avec des titres plus directs aux mélodies imparables. "Dissolving Into The Void" et "It's Too Late" lorgnent vers un Métal Mélodique à la limite de l'AOR, très agréable. Le ralentissement du tempo et le placement de la voix sur des mélodies popisantes convient mieux aux italiens qui montrent ainsi quelque chose d'un peu plus personnel. La ballade "Another Time" est, quant à elle, franchement typée AOR avec ses chœurs en écho sur le refrain. Sans être transcendant, le résultat est probant et efficace.
La dernière partie de l'album est encore plus maîtrisée. C'est la plus progressive de l'opus avec encore des mélodies habiles et une exécution toujours impeccable. Le final de "Fortune And Pain" est un pur régal avec un solo rapide et technique mi-jazz mi-prog seventies à la Gino Vannelli. La seconde ballade acoustique, "The New Line Of Time" nous balance une nouvelle mélodie imparable et le refrain reste en tête longtemps après l'écoute. Enfin, le break et la fin de "Far From Desire" rompent parfaitement avec la rythmique et les riffs acérés du début du morceau. Il clôture habilement ce 'The Last Embrace To Humanity' et laisse une sensation finale très positive.
Au final, 'The Last Embrace To Humanity' laisse donc un sentiment mitigé. Le plaisir d'un métal progressif mélodique immédiat et sans fioritures est assez souvent contrebalancé par cette désagréable impression de "déjà entendu". Les cinq Italiens confirment un réel potentiel mélodique et technique déjà entrevu sur le précédent album mais ils peinent à franchir un cap. Si l'album plaira sans aucun doute aux inconditionnels du genre ainsi qu'aux amateurs de métal mélodique ou d'AOR un peu musclé, il faudra apporter plus de personnalité et faire quelques efforts pour gommer les problèmes de justesse vocale afin de plaire à un public plus large.